La question de l’emploi est une problématique forte de notre société. Les raisons de la difficulté de l’accès au monde du travail sont nombreuses ; la population carcérale de par ses caractéristiques est un condensé de celles-ci. Par exemple, concernant la formation, on observait en 2009 que 50 % des détenus n’ont pas de diplôme et 60 % ne dépassent pas le niveau CAP. Quant à l’illettrisme, il représente encore 10 % de la population carcérale. Pour combattre ces difficultés des actions sont menées pour aider les détenus sur le principe du volontariat.
Lors de la mise sous écrou, le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) effectue un diagnostique du détenu pour évaluer ses potentiels en terme d’emploi qui comprend un pré-repérage de l’illettrisme. Ainsi des ateliers d’alphabétisation sont animés au sein des prisons par des professeurs vacataires de la fonction publique.
A la maison d’arrêt Grenoble-Varces, les détenus ont également la possibilité de suivre des formations dispensées par le GRETA ou l’AFPA en peinture, électricité ou nettoyage, en adéquation avec la logique du marché du travail et des possibilités et projets des détenus.
Les détenus qui le souhaitent bénéficient d’un appui pour compenser un manque face à la formation qui serait un frein à l’emploi. Certains expriment un désir de retour à l’emploi bien avant leur sortie de prison. C’est un Correspondant Pôle-Emploi Justice qui les soutient dans leur démarche. Jean-Michel Droniou qui occupe cette fonction en lien avec la Maison d’arrêt Grenoble-Varces insiste sur ce qui fait la première étape de l’accompagnement vers l’emploi : le recadrage de la représentation du travail. En effet, éloigné de la liberté par définition, le détenu peut entretenir une image fausse du travail. Depuis la cellule le monde est fantasmé. Une fois le projet professionnel devenu réaliste et réalisable, Jean-Michel Droniou en lien avec le SPIP prépare l’orientation du détenu vers différentes structures.
Parmi elles, les Structures d’Insertion par l’Activité Economique, tels que les chantiers et entreprises d’insertion, proposent un accompagnement de réinsertion lié à un projet professionnel. C’est le cas parmi d’autres de l’AREPI qui a un chantier d’entretien d’espaces verts à Seyssins.
Bien que marginal, le retour ou l’accès à l’emploi des détenus est une démarche forte. En effet, le travail est un élément essentiel pour la réinsertion et la lutte contre la récidive. Et de toutes les barrières vers l’emploi, celle de la représentation demeure la plus difficile à faire tomber, qu’il s’agisse de l’image parfois fantasmée du monde du travail par le détenu ou de la représentation collective que l’on a du détenu et du monde carcéral.