Présent au 21 rue Gabriel Péri à Grenoble depuis 2011, l’atelier NuanceS où réside l’association AMEXI (Atelier mobile d’expression et d’insertion) entame en ce mois de septembre sa troisième rentrée, avec toujours la même passion et le même enthousiasme. Les locaux ont même été agrandis durant l’été, offrant encore plus d’espace et de latitude à Caroline Mairesse et Céline Pialet, maîtresses des lieux qui nous ont accordé un peu de leur temps durant leur journée portes ouvertes, voilà déjà dix jours.
Céline est psychologue et en fin de formation de restauration de tableaux de chevalet, tandis que Caroline est art-thérapeute et titulaire d’une maîtrise de psychologie. Elles se connaissent depuis l’école primaire et partagent ce goût pour la pratique des arts plastiques qui les a amené, au delà de l’amitié, à fonder cette association qu’est AMEXI, vouée tout autant à l’apprentissage de la création artistique qu’à des actions sociales et sanitaires par le biais de l’art-thérapie.
Car NuanceS n’est pas un atelier tout à fait comme les autres. L’une de ses activités consiste à proposer différents ateliers de création accessibles à chacun, au sein desquels de nombreuses techniques, supports ou matériaux sont abordés. Des ateliers naturellement payants, à raison de séances hebdomadaires de deux heures, pour un prix allant de 155 à 460 € l’année.
Dessine-moi un boulot
Mais l’autre « mission » de l’atelier, autant que de l’association, repose dans l’action sociale ou sanitaire et l’aide à l’insertion. Un aspect du travail d’AMEXI qui n’a rien de négligeable puisqu’il représente la moitié de son activité, financée par le Conseil Général ainsi que la Metro.
Les demandeurs d’emploi en difficulté peuvent donc être dirigés vers AMEXI, via leur conseiller emploi ou leur travailleur social, pour des séances de création artistique qui sont autant d’occasions de renouer avec l’autre, de revenir au lien social et sociable, à la remobilisation. « On essaye à chaque fois de trouver les techniques qui vont valoriser les personnes, qu’elles puissent avoir un moment où elles se sentent un peu mieux », nous dit Caroline.
« Ce sont souvent des personnes fragiles qui peuvent se retrouver dans une bulle où les problématiques quotidiennes sont un peu oubliées, vivre un moment convivial avec d’autres personnes, ainsi qu’être dans l’action et créer quelque chose de fini et d’enrichissant car elles sont fières de ce qu’elles ont fait », rajoute Céline. « Cela rappelle que l’on peut faire des choix et cela donne une sensation d’autonomie plus développée. »
Cet accompagnement proche de l’art-thérapie se déroule sur huit séances hebdomadaires, avec un bilan au bout de quatre semaines avec le référent social. Une action différente et aussi appréciée qu’efficace. De plus, pour les personnes ayant suivi ce dispositif, l’atelier propose de continuer à suivre des séances pour une somme modique calculée en fonction du quotient familial. Un effort financier important de la part du local, que Céline assume : « suite aux huit séances d’insertion, certains se prenaient de passion pour les arts plastiques, et c’était compliqué et dommage de leur dire que tout est terminé. D’autant que cela continue à enrichir leur projet de vie. Mais on ne peut pas le proposer à tout le monde… »
Créer, se récréer, se recréer
La dimension sociale du travail de l’association AMEXI ne se limite pas aux accompagnements des demandeurs d’emploi. En partenariat avec l’hôpital de Saint-Egrève, l’atelier NuanceS accueille également des personnes en situation de handicap psychique. Dans le registre de l’action sanitaire, et cette fois hors les murs de l’atelier, Céline et Caroline se déplacent dans des institutions. « On va intervenir dans le cadre de l’art-thérapie dans des centres de soin, vers des personnes atteintes d’Alzheimer, en situation de handicap, etc. » explique Caroline.
« C’est de l’art plastique, mais tout ce qui est proposé ne va pas être forcément technique mais va tourner beaucoup plus autour de l’expression picturale, adaptée en fonction des difficultés des personnes. On ne va évidemment pas proposer des exercices de précision à quelqu’un dont les mains tremblent, par exemple. »
« L’art-thérapie fonctionne en créant des outils pour aider la personne à dépasser les difficultés, ou à faire avec. Les séances sont toujours menées en présence d’un psychologue, qui oriente les personnes. L’objectif n’est pas d’apprendre à dessiner, mais d’améliorer la confiance, de retrouver l’estime de soi. » Et de s’évader peut-être, tout simplement, le temps d’une séance…
Autres NuanceS
De nombreux aspects et de nombreuses approches qui n’empêchent pas Caroline et Céline de nourrir d’autres projets, sans oublier pour le moment de consolider ceux déjà en place. « Au coin de ma rue », par exemple, est une exposition impliquant toute la rue Gabriel Péri, dont les commerces sont invités à offrir un bout de leurs vitrines pour cet événement convivial et fédérateur. La dernière édition, au printemps 2013, a été un succès.
Et lorsque l’on demande aux deux jeunes femmes si elles désirent rajouter quelque chose avant de conclure notre reportage, Caroline s’empresse de préciser qu’il y a des bonbons aux journées portes ouvertes de l’atelier.
Voilà qui est dit.