Depuis le 5 décembre, le Marché du Baobab, dédié à l’économie équitable, sociale et solidaire, accueille pour sa huitième année clients et curieux.
« Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit. »
Avec ou sans neige, Noël s’est invité à Grenoble. Places Grenette et Victor Hugo, les traditionnels chalets et leurs occupants passablement gelés ont pris place et donnent à l’espace urbain un petit cachet de poésie hivernale. Mais un autre marché de Noël vient également d’ouvrir ses portes, ou plutôt son chapiteau, square Docteur Martin : le marché du Baobab, « équitable, bio et local ».
Du 5 au 23 décembre, ce petit espace chaleureux vous proposera de venir à la rencontre d’associations ou de commerces dédiant leur action au commerce équitable ou à l’économie sociale et solidaire, ainsi qu’à de jeunes entrepreneurs favorisant une création et une imprégnation locale de leur activité.
« L’esprit, c’était de regrouper les associations, les organisations ou boutiques de commerces équitables ou de tourisme solidaire pour essayer de sensibiliser le grand public à une autre forme de commerce et en travaillant bien sûr en solidarité avec d’autres pays », nous explique Françoise Guyot, qui compte parmi les fondateurs du marché du Baobab et représente également l’association SGAP 38 (Solidarité avec les Groupes d’Artisans Palestiniens).
Peuples d’ailleurs
« Nous importons des produits artisanaux palestiniens afin de soutenir l’économie locale et le développement du commerce équitable en Palestine » nous dit-elle. « Ce qui est important, c’est que c’est à la demande des Palestiniens que nous avons monté cette association, parce qu’ils souhaitent que l’on puisse montrer leur culture, leur savoir-faire ! », et dévoiler ainsi un autre aspect de cette région du globe que celui usuellement relayé dans les médias.
Outre le Proche-Orient, le Maghreb et l’Afrique sont également à l’honneur au Baobab. Caroline Manyohi est née au Kenya et dirige l’entreprise Karibu Kenya. C’est sa deuxième année de présence au Baobab, l’édition précédente s’étant révélée très satisfaisante pour elle. Karibu Kenya propose des objets artisanaux réalisés par des paysans du Kenya, à partir d’écorces, de feuilles de maïs, de noix de coco. Caroline nous explique combien le marché du Baobab est exigeant quant à la « vertu » des participants. Son entreprise a dû faire la preuve qu’elle payait correctement les artisans qui travaillent avec elle, pour pouvoir participer à ce marché équitable et solidaire.
Khalid Jaafria, pour sa part, participe au Baobab depuis le début. Il Représente l’association Couleurs Sensations, qui met en avant le « tourisme solidaire » à destination du Maroc : l’idée est de proposer des voyages chez l’habitant, afin de permettre à des Français de découvrir une autre culture. L’occasion aussi de participer au développement du pays, et de l’aborder sous un angle plus enrichissant que celui mis en avant par les agences de voyage conventionnelles.
L’association vend également des poufs, des étoffes, des bonnets ou des babouches fabriqués au Maroc, permettant aux femmes qui les confectionnent sur place de bénéficier d’un complément de revenu. Mais Couleurs Sensations s’ouvre aussi à d’autres pays, en présentant également des écharpes ou des bijoux en provenance d’Inde.
El mercado del Baobab
Deux stands nous proposent de continuer ce voyage équitable et solidaire en parcourant l’Atlantique pour découvrir l’Amérique du Sud. L’entreprise Casayan est ainsi en lien direct avec la Bolivie et l’Équateur. Son créateur nous explique sa démarche : « On achète des matières premières sur place et on travaille avec des petits ateliers familiaux. On fait également un peu de micro-crédit, en achetant des machines sur place qui appartiennent aux artisans qui, en contrepartie, vont nous payer en matières premières. »
Cela fait six ans que Casayan tient étal au Baobab. « C’est une bonne ambiance, un bon relationnel avec les clients qui posent des questions, qui vont être intéressés par les produits ou leur origine, qui proposent un peu plus d’échange que sur un marché de Noël classique. »
De son côté, Betty Houard occupe pour la première fois un stand au Baobab, et pour cause : son entreprise Qapya vient tout juste de voir le jour. C’est ici le Pérou qui est à l’honneur : « Je fais des produits en alpaga qui vient directement du Pérou, dans le but d’aider au développement de groupes de femmes tricoteuses, en créant des modèles qui s’adaptent à la mode européenne tout en utilisant cette fibre noble. »
Et Betty Houard, elle-même péruvienne et venue en France pour faire des études de commerce, d’expliquer combien il est important de faire comprendre à ces femmes l’intérêt de donner une valeur ajoutée à l’alpaga en le travaillant, plutôt que de le vendre pour rien à des grandes sociétés. L’un des objectifs de son entreprise, et de l’association qu’elle envisage de créer prochainement.
Pour Casayan comme pour Qapya, qui étaient tout deux également présents au salon Naturissima, un espace comme le chapiteau du Baobab est l’occasion d’exposer son travail et de mettre en avant sa démarche solidaire pour un coût modéré, comparés aux tarifs d’exposition des marchés de Noël « conventionnels ».
Local et solidaire
Mais depuis deux ans, le marché de Noël du Baobab accueille également des structures ancrées dans le local. C’est le cas de Mademoiselle Cartonne, dont l’étal accueillant et coloré propose de nombreux livres à jouer qu’elle fait réaliser par des grenoblois : « l’illustratrice, l’infographiste sont grenoblois, et pour le façonnage j’ai choisi Grenoble Solidarité. » nous dit Delphine Robert, la créatrice de l’entreprise, mettant en avant sa volonté de « faire du sens » en privilégiant le local.
Toute jeune entreprise, c’est la première année que Mademoiselle Cartonne participe au Baobab, un « marché test » et une occasion de faire connaître son travail pour un prix modique : 25 euros par jour pour un demi-stand, et 12 % du chiffre d’affaire en cas de dépassement des 25 euros, soit une somme bien inférieure aux autres marchés de Noël.
Delphine partage son stand avec l’atelier Framboisine, ouvert depuis mars 2013 au 24 rue Saint-Laurent, qui se propose de recycler les meubles : « on vient me voir et je fais sur-mesure, ou je vous apprends à donner une nouvelle vie à vos meubles avec la peinture, les motifs, la serrurerie… » nous dit Sandrine Giboin. Un atelier qui jouxte directement un atelier d’artisanat ivoirien et de décoration d’intérieur, également présent au marché du Baobab.
« Ça permet de se faire connaître, et puis nous sommes dans une démarche de recyclage, de réutilisation, dans l’économie sociale et solidaire, donc c’est idéal ! » nous confie Sandrine, heureuse de voir que son activité « décolle » plutôt bien, et espérant que sa présence au Baobab confirmera cet envol.
« La force du baobab est dans ses racines »
Autant de rencontres à faire et de stands à visiter, seul ou en famille, square Docteur Martin, dans la continuité des autres marchés de Noël. Très soutenu par la Mairie depuis sa création, le marché du Baobab fait d’ailleurs aujourd’hui partie du paysage grenoblois et s’inscrit dans une démarche équitable et solidaire de plus en plus prégnante au sein de notre société.
Venez donc y découvrir pays et passions, associations et commerces, produits et cadeaux originaux, ou boire un verre au « baobar ». Le marché est ouvert chaque jour jusqu’au 23 décembre, de 11 heures à 19 heures.