Lieu d’échange par excellence, l’association Pays’âges agit principalement en faveur des personnes âgées immigrées isolées, de toutes origines et situations familiales. Présentation de cette structure au coeur de «la maison des sages».
Créée en 2007, à l’initiative entre autres de la ville de Grenoble, du conseil général de l’Isère et de La Métro, l’association Pays’âges a pour but de mettre à disposition un lieu de partage pour ces personnes en manque de repères à l’âge de la retraite.
L’emplacement de ce café social, même si ce terme est assez réducteur par rapport aux services qu’il propose, n’est pas anodin car «dans cet immeuble, en 1955, a été créée la première association France- Algérie de Grenoble (l’ADNA)» comme le souligne sa présidente, Patricia Abd-El-Kader .
On rencontre trois catégories d’adhérents. La première, dite du va-et-vient correspond à des personnes à la retraite qui ont laissé leur famille au pays mais qui reviennent en France de peur de perdre une partie de leurs droits aux prestations sociales (limitation à 4 mois à l’étranger). La deuxième catégorie revient juste pour les papiers, les médicaments. Enfin la dernière catégorie n’est pas des moindres : c’est celle des oubliés du fait de ruptures familiales. La présidente précise à ce sujet : «ces personnes, en arrivant en France, pensaient retourner vivre dans leur pays mais plus l’absence a été longue, plus les liens avec leur famille se sont distendus et un sentiment de culpabilité s’installe». Dès lors, elles envoient de l’argent. Elles deviennent alors le porte-monnaie de la famille. Il est des situations où certaines personnes n’ont pas vu leur enfant depuis 40 ans et le seul fil qui les relie est celui du téléphone qui reste lui toujours branché. En manque cruel d’identité et de reconnaissance, ces personnes ont besoin d’un accompagnement. C’est à ce stade que Pays’âges intervient : «ce public a du mal à accéder aux droits et ne profite pas des loisirs qui lui sont destinés. Les caisses complémentaires de retraites proposent des loisirs peu adaptés et très chers pour la plupart alors que ces personnes ont cotisé parfois 50 ans. Au final, elles se sentent isolées» affirme Patricia Abd-El-Kader.
C’est pour ces raisons que tous les après-midi, ce café social accueille les personnes pour les questions administratives sans rendez-vous. Le but n’est pas de se substituer à ce qui existe mais plutôt de les accompagner dans leurs démarches pour plus tard les orienter vers le droit commun afin de constituer, entre autres, un dossier de retraite. Pour compléter ces possibilités, des partenariats avec d’autres associations ont été mis en place et ont notamment vocation à faire ou refaire le lien avec leur pays d’origine. L’initiation à l’usage d’Internet en est la parfaite illustration. Cependant, cet endroit aménagé de manière conviviale est aussi tourné vers l’extérieur. En effet, des sorties sont proposées aux adhérents, tout heureux de découvrir d’autres horizons. Au fil du temps, ce sont eux qui sont force de proposition.
Forte de cette expérience réussie (environ 200 adhérents en octobre), l’association est missionnée pour aider à créer le même type de structure sur les quartiers de Teisseire et de Mistral. La maison des sages va faire des petits.
Association Pays’âges
57, avenue Maréchal-Randon – 38 000 Grenoble
Tél. : 04 76 54 04 58