Moins médiatisés que le Samu social ou l’hébergement d’urgence, les Accueils de jour constituent pourtant un élément indispensable de la Veille sociale. A la charnière entre le strict humanitaire et l’accompagnement social, ils occupent une place particulière parmi les structures dites de premier accueil.
Les Accueils de jour sont des lieux où les personnes en situation de grande précarité peuvent se rendre librement et trouver divers services : aide alimentaire, restauration, douche, blanchisserie, bagagerie, domiciliation pour l’ouverture des droits, activités culturelles, etc.
Ils sont majoritairement nés dans les années 90, à l’initiative d’associations caritatives comme la Fondation Abbé Pierre. Leur développement et leur professionnalisation ont été soutenus par la puissance publique contrainte d’intervenir face à la visibilité croissante de la grande pauvreté. Les Accueils de jour sont ainsi venus pallier l’absence de réponse aux besoins élémentaires des personnes sans-abri ou en grande précarité.
Ils remplissent prioritairement une mission d’assistance et n’ont pas vocation à intervenir dans le champ de l’insertion sociale même si leur fréquentation peut faire émerger chez certains le désir de sortir de la rue, auquel cas leur rôle est de soutenir et d’orienter ces personnes dans leur démarche de réinsertion.
Car ce qui caractérise ces lieux d’accueil anonymes et gratuits, c’est leur très grande adaptabilité aux usagers, à qui l’on ne demande rien, avec qui on ne passe aucun contrat. Certains « grands exclus » mais aussi des jeunes en errance, incapables ou non désireux de se conformer à des contraintes institutionnelles, trouvent ainsi un espace de sociabilité qu’ils sont en capacité d’investir. Les Accueils de jour représentent alors un point d’ancrage, un repère qui rompt un temps avec l’errance, offrant un moment de répit, une mise à l’abri, où reprendre des forces et se (re)poser.
A Grenoble, il s’agit exclusivement de structures gérées par des associations. Certaines, créées bien avant les premières lois de lutte contre l’exclusion, sont constituées uniquement de bénévoles (Accueil SDF, Secours catholique), d’autres fonctionnent avec des équipes mixtes de professionnels et de bénévoles (Point d’Eau, Le Fournil ou Femmes SDF). Chacune a ses spécificités mais toutes oeuvrent ensemble au sein d’un même collectif avec un souci de complémentarité, que ce soit en terme de prestations proposées (petit-déjeuner à Accueil SDF, déjeuner au Fournil, douches et lessives à Point d’Eau) ou en terme d’amplitude d’ouverture (ainsi, en période hivernale, Accueil SDF et Point d’Eau fonctionnent les dimanches et jours fériés, l’un le matin, l’autre l’après-midi).
Depuis quelques années déjà, la fréquentation des Accueils de jour est en hausse constante, ce qui pose un problème de capacité. Certaines associations craignent que la qualité de l’accueil en pâtisse, qu’il finisse par se réduire à la seule prestation de services ; elles s’interrogent sur la perte du sens de leur mission.
Le public a lui aussi fortement évolué obligeant les structures à s’adapter à de nouveaux besoins ou à gérer des problèmes de cohabitation. Le nombre grandissant de jeunes en errance, de demandeurs d’asile, de personnes âgées ou de ménages disposant d’un logement mais trop pauvres et isolés pour faire face, est particulièrement inquiétant.
Les Accueils de jour, derniers refuges pour ceux qui n’ont plus rien ou vivent dans des conditions extrêmement précaires, sont eux-mêmes fragilisés aujourd’hui. Leur devenir reste plus que jamais d’actualité.