À ceux qui cherchent une place, La Place propose un projet pionnier en matière d’accueil des personnes sans abri. Un projet où l’attachement à la singularité de chacun est le maître mot.
Au 106 de la rue des Alliés à Grenoble, le 17 mars dernier, on inaugurait La Place. Il s’agit d’un espace sur lequel un dispositif de cubes et de blocs sanitaires ont été installés pour permettre un hébergement sans critère de sélection autre que celui du « premier arrivé ». La capacité d’accueil est de 19 personnes. La philosophie d’accueil est de considérer les hommes et les femmes dans la globalité de leur identité. C’est- à-dire que l’on va les considérer en n’écartant rien de ce qui les caractérise. Par exemple, les couples sont acceptés au sein de La Place en tant que couples. Leur mode de vie et leurs habitudes sont pris en compte.
La Place est une structure d’hébergement de stabilisation qui accueille des personnes en errance et prioritairement accompagnées d’animaux. Le cadre de cet habitat va être un point d’ancrage à la re-socialisation, une alternative à la rue. Pour mener à bien cette ambition, le projet socio-éducatif de La Place se positionne sur un attachement particulier à la conception de la personne. Selon Laurence Bobo, responsable de la Veille sociale, « Le travail éducatif est ici basé sur la personne, ce qui porte à penser à l’autre dans les logiques de ses désirs et de ses besoins. » Cela revient à dire que lors de leur arrivée à La Place, ils sont pris « là où ils en sont ». Les addictions, les parcours personnels ou les habitudes quotidiennes sont perçus et reçus par les travailleurs sociaux (ici appelés animateurs et veilleurs) comme étant des composants essentiels de leur singularité qu’il ne faut pas chercher à tout prix à combattre ; ainsi, on ne va pas tenter de les rendre « moins alcooliques ». À La Place, chaque individu est perçu dans ses différences et non par ses différences.
Un autre élément caractéristique est le rapport au temps difficile. Il y a plusieurs temps dans leur vie. Un temps rapide, celui de la déconstruction, de la désocialisation, et un temps long qui est celui du cheminement inverse, le temps d’un retour aux règles de la vie sociale.
À propos du temps, le coordinateur de la structure, David Laumet ne manque pas d’insister que La Place « est le lieu pour prendre le temps de re-vivre. C’est un lieu avec une temporalité différente. Cette temporalité différente permet également de préserver les hébergés des demandes urgentes de l’extérieur (il y a pour l’instant 10 personnes sur la liste d’attente pour intégrer la Place) ».
Pour finir, il aurait été impossible de ne pas mentionner le fidèle compagnon des personnes de la rue : le chien. Le chien représente un élément très important favorisant la sortie de l’exclusion, à la fois protecteur et également un substitut affectif.
Le projet porté par La Place n’est pas aisé. Le travail autour de la globalité de l’identité est jalonné de difficultés, ne serait-ce que dans le seul fait de nommer ces personnes : SDF, gens de la rue, hébergés ?
Mais, et c’est là l’enjeu, à travers la mise en œuvre concrète du projet « La Place » apparaît également l’espoir d’un changement en ce qui concerne la considération des Hommes de la rue.