Mardi 2 juillet a eu lieu le colloque « Un toit d’abord, inconditionnalité et continuité de l’accueil » à l’IFTS (Institut de formation des travailleurs sociaux) d’Echirolles. Le but de cette journée était de rassembler les acteurs du logement et de l’hébergement d’urgence afin d’établir une vision commune de la situation, pour mieux agir. En Isère on compte 3820 demandeurs d’hébergement et 1659 personnes sans logement. De plus, à Grenoble, un nouveau camp de demandeurs d’asile en provenance de Macédoine et du Kovoso s’est installé sur le parking d’Alpexpo. Il y a urgence !
Une situation intenable
Denis Hatzfeld a introduit ce colloque en présentant Alerte Isère, un collectif de 66 associations de la Commission « lutte contre la pauvreté et l’exclusion ». En tant que représentant de ce collectif, il a tenu à rappeler qu’il existe un cadre législatif : le code de l’action sociale. Dans celui-ci, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion est un impératif national, et l’accès aux droits fondamentaux (emploi, logement, santé, justice, éducation, formation, culture) doit être effectif. Cependant, chaque année, le constat est le même : il y a une incohérence importante entre l’affichage national et la mise en œuvre locale et de ce fait la frustration de tous les acteurs est immense.
Suite à cette présentation, des acteurs, œuvrant au Secours catholique, Médecins du monde ou encore au Fournil, ont témoigné de la situation actuelle : le manque d’accompagnement social et d’écoute des demandeurs d’asile et des personnes sans hébergement pérenne, la souffrance physique et psychique de ces personnes (les réfugiés n’arrivent pas malades mais le deviennent à cause de leurs mauvaises conditions de vie et d’habitat), un public de plus en plus hétéroclite dans les structures d’accueil de jour (travailleurs pauvres, handicapés, bénéficiaires du Rsa, demandeurs d’asile…) et des familles de Roms de plus en plus précaires.
Comprendre le fonctionnement et agir globalement
Après les constats, René Balloin, président de l’Observatoire de l’hébergement et du logement, et Florent Guéguen de la Fnars et du Collectif des associations unies, sont intervenus pour apporter des éléments de compréhension et ainsi poser les fondements nécessaires à l’élaboration d’actions ciblées et efficaces.
René Balloin explique qu’il y a un mouvement général de fragilisation de la population depuis une vingtaine d’années lié principalement à l’augmentation de la précarité dans le travail (temps partiel, contrats courts, chômage…). La grande variabilité des situations professionnelles entraîne l’irrégularité des ressources et la perte d’horizon à moyen terme. Actuellement, on compte 13 à 14 % de pauvres en France. La fragilisation s’explique aussi par l’évolution des structures familiales : augmentation du nombre de séparations, vieillissement de la population, recul de la vie en couple pour toutes les tranches d’âge et dans tous les milieux sociaux et augmentation des familles monoparentales. A Grenoble, 50% des logements sont occupés par une personne seule. De plus, il y a un déficit d’offres de logement et une inflation des prix du parc immobilier. Finalement, on peut considérer le logement comme étant en bout de chaîne de différentes évolutions sociales et politiques.
Florent Guéguen a expliqué l’importance de la mobilisation de l’opinion publique. Le Collectif des associations unies regroupe 34 asociations nationales qui agissent sur l’urgence sociale et le logement. Il a été créé en 2007 après la mobilisation menée notamment par l’association Les enfants de Don Quichotte. La « doctrine du logement d’abord » n’est pas assez portée par l’équipe gouvernementale actuelle et le Collectif a vocation d’amener à une politique globale réellement réductrice de la pauvreté. La fin de l’hébergement saisonnier est inscrit dans le plan quinquennal contre la pauvreté mais il n’est pas respecté actuellement. De même, les mal-logés sont oubliés dans la loi Duflot 2. Florent Guéguen propose des mesures d’urgence à inscrire dans le cadre du débat parlementaire comme le statut unique sur l’hébergement pour simplifier les démarches ou la domiciliation comme priorité dans la loi. Il insiste également sur deux points sur lesquels il faut débattre au Parlement : l’accompagnement social et les demandeurs d’asile.
Ce colloque a permis d’établir les priorités dans le domaine du logement et de l’hébergement. Des ateliers de réflexion se sont tenus l’après-midi pour avancer concrètement ensemble. Espérons que tout le monde aura une vision plus claire de l’urgence et que la mobilisation publique autour de ces questions permettra des actions politiques justes et adéquates.