À l’approche de l’hiver, les associations faisaient d’ores et déjà savoir au gouvernement leur mécontentement concernant les plans d’aides de ce dernier aux sans-abri. Prenant la parole devant l’Assemblée nationale, elles menacent de rompre avec ce gouvernement.
Plusieurs associations de mal-logés et de sans-abri (comprenant entre autres la Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, ou encore le Secours Catholique) étaient réunies jeudi 2 octobre devant l’Assemblée nationale, où, aux cotés des celèbres tentes rouges du canal St Martin, se tenait une conférence de presse, pour l’occasion conférence de protestation, contre les prévisions budgétaires du gouvernement pour 2015. En cause ? « Il n’y a dans le projet de loi de finance aucune mesure susceptible d’infléchir la situation catastrophique des 140 000 sans-abri et des 3,5 millions de mal-logés », dénonçait Florent Gueguen, délégué général de la FNARS.
L’hébergement hôtelier en question
Plus précisément, le problème réside dans les options que prévoit le gouvernement pour faire face au fléau du mal-logement. En effet, le budget alloué pour la prise en charge des mal-logés est en hausse de 5 %. Celui-ci devrait servir à augmenter très sensiblement l’hébergement hôtelier, jugé inadapté et coûteux (160 millions d’euros par an). Le problème de la solution par l’hébergement hôtelier réside dans son caractère ephémère, alors que pour les associations il faut impérativement trouver des solutions d’hébergement pérennes. Il ne s’agit pas, dès lors, de trouver ou de financer des hôtels, mais précisément d’en sortir, pour pouvoir entre autres assumer une scolarisation normale des enfants, compromise par les hébergements d’urgence. Autre revendication des associations : mettre fin à la remise à la rue des sans-abri. En effet, dès la fin de la trêve hivernale les centres d’hébergements ferment et leurs locataires se retrouvent à la rue (ce fut par exemple le cas à Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Lyon, ou Lille).
Mais aujourd’hui les associations ne se contentent plus de réclamer et d’intervenir : elles menacent maintenant de se désolidariser du gouvernement. Le porte parole du Collectif d’associations affirmait : « Si les plans hivernaux ne permettent pas d’assurer la continuité de l’accueil des sans-abri, et la dignité des personnes, un certains nombre d’associations refuseront de participer à ces plans, car nous ne voulons pas être complices de maltraitance. ». Les associations disent ainsi « leur colère profonde », dénoncent « un abandon du gouvernement » et « lancent une alerte ».
L’exigence d’un plan d’urgence
Face à une situation des besoins d’hébergement « qui ne fait que s’aggraver », selon le délégué général de la FNARS, et tandis que les demandes d’expulsions s’accélèrent, les associations demandent à l’Etat et aux collectivités territoriales l’établissement d’un plan d’urgence pour la fin de l’hébergement hôtelier. D’autant plus que ce mode d’hébergement a progressé de + 85 % entre l’été 2013 et l’été 2014. A quoi il faut ajouter qu’une étude du Samu social de Paris du 1er octobre portait à l’inquiétude concernant notament la santé et la scolarisation pour les familles sans-abri (et qui concerne 28 000 personnes). Les associations réclament également la continuité du parcours vers l’hébergement, c’est à dire faire en sorte que l’on ne remette plus à la rue les sans-abri au sortir de l’hiver, ou, formulé autrement, la fin de la gestion au thermomètre de l’hébergement d’urgence.
C’est précisément parce que le gouvernement ne semble pas clairement engagé sur cette voie que les associations tirent la sonnette d’alarme. Mais du coté du gouvernement, la ministre au Logement Sylvia Pinel a déjà chargée une délégation de faire des recommandations pour la fin de la « gestion au thermomètre ». Si chacun tient le bon bout, on peut donc peut-être espérer progresser sur cette question, même si la problématique très concrète de l’hébergement d’urgence réclame des solutions elles aussi très concrètes… que l’on attend toujours.