La Fondation Abbé-Pierre lance une nouvelle campagne de sensibilisation sur le mal-logement : l’emploi ne suffit plus à garantir un logement décent.
La campagne est construite sur trois affiches chocs, pour montrer que l’on peut travailler et pourtant être sans logement. L’une d’elle représente un homme dormant dans le métro, avec la légende « métro, boulot, métro ». Une autre représente un taudis, accompagné du slogan : « Employé à temps partiel, mal logé à temps complet ». La Fondation Abbé Pierre entend par là non seulement dénoncer une situation alarmante mais aussi proposer des pistes d’analyses du problème.
Des chiffres inquiétants
Près de deux millions de personnes vivent avec 800 euros par mois, et, si l’on compte les conjoints et enfants, on atteint une fourchette entre 1,9 millions et 3,8 millions de personnes considérées comme vivant dans un ménage pauvre. Ce que veut montrer cette nouvelle campagne de la Fondation Abbé-Pierre, c’est l’interaction, pour ces ménages, entre le problème du travail et celui du logement. En effet le dilemme est souvent cruel : pour fuir les « zones tendues » (prix exhorbitant du loyer en raison de la demande dans les grandes villes), les ménages sont contraints de se loger en périphérie : ils sont alors condamnés à dépenser plus en termes de transport et à réduire leur reste-à-vivre.
La conséquence est lourde : 70 % des actifs renoncent à un emploi mieux payé en raison du prix du logement qu’implique l’offre d’emploi. Ce sont en France deux millions de personnes qui ont renoncé à un meilleur emploi en raison d’un surcoût financier, et autant en raison des conséquences sur le prix du transport.
Le rôle du problème du transport
L’acquisition d’un logement abordable peut conduire des familles à loger parfois à près de 50 km de leur lieu de travail, ce qui laisse facilement imaginer les frais de transports, sans compter le temps pris à se déplacer qui n’offre plus aucune marge en dehors des tâches familliales. À quoi peuvent s’ajouter des frais de garde des enfants que cela engendre, qui augmentent encore lorsque l’on opte pour les transports en commun qui sont plus longs que les déplacements en voiture.
Pour l’instant, la campagne de sensibilisation pointe, avec des chiffres, nombre de situations alarmantes, et veut attirer l’attention sur le triangle travail/logement/transport. Mais malheureusement aucun plan concret et efficace n’a encore été proposé pour lutter contre un problème dont on commence à peine à prendre conscience.