Le RSA permettrait à ceux qui trouvent du travail de cumuler revenu et allocation : un véritable changement ?
Dans les présentations officielles du dispositif RSA, on oublie souvent de préciser qu’il existait des mesures autour du RMI et du retour à l’emploi comme l’intéressement, la prime de retour à l’emploi, la prime pour l’emploi, la prime de Noël.
Les changements RMI–RSA
• Ceux qui auront un emploi durable (dont le salaire total est inférieur à un certain montant) vont y gagner légèrement plus, puisque le RSA continue après la première année de reprise de travail alors que les mesures d’intéressement du RMI s’arrêtaient au bout d’un an.
• Ceux qui vont reprendre un temps partiel à durée courte (par exemple de six mois) vont y perdre, puisque le RSA sera proche du RMI et que les différentes primes vont disparaître. Plutôt qu’un changement en profondeur, on assiste surtout à une autre répartition des sommes allouées, pouvait-on attendre plus alors que le financement n’augmente que faiblement (de 11,5 à 13 milliards d’euros) ?
Les bénéficiaires devront signer un contrat d’engagement réciproque s’ils touchent moins de 500E par mois, le rôle du pôle emploi semble se renforcer (obligation pour les bénéficiaires en capacité de travailler immédiatement de s’inscrire au Pôle emploi avec les risques de radiation que cela implique). Avec le I-RSA, une extension du logiciel CAF qui viserait à faciliter l’instruction des dossiers, le fichage informatique sera amplifié. On peut alors craindre que ces nouveaux outils intensifient le contrôle – même si d’autres parcours moins contraignants sont prévus pour ceux qui sont en plus grande difficulté – et qu’en dernière instance, ce sera un groupe de personnes proche des anciennes commissions locales d’insertion qui décidera ou non de la radiation.
Les bénéficiaires de l’API qui étaient exempts de compte à rendre du fait des difficultés liées à leur situation, seront soumis aux mêmes obligations. Le RSA part de l’idée que si les chômeurs ne trouvent pas de travail c’est qu’en majeure partie, ce ne serait pas intéressant financièrement pour eux (idée contredite par de nombreuses enquêtes – voir encadré), rien de nouveau sous le soleil. Cela participe à l’idée ambiante qu’il faut centrer le problème du chômage sur les chômeurs vus comme entièrement responsables de leur situation, mais alors quid des licenciements massifs, des délocalisations, de l’augmentation de la productivité et de l’allongement du temps de travail ? On tente d’influer sur le demandeur d’emploi plutôt que sur l’offre d’emploi. Aucune pression sur les employeurs qui, au contraire, pourraient être les premiers bénéficiaires des mesures. En effet, en installant cette allocation dans la durée, l’état subventionnera une légère augmentation de salaire que l’employeur n’aura pas à débourser.
Pour finir sur une note qui peut paraître anecdotique mais qui est assez révélatrice : les termes « travailleur pauvre » disparaissent au profit de « travailleur modeste » (est-ce qu’on ne parlera plus du seuil de pauvreté, mais du seuil de modestie ?). Ainsi n’est-il pas plus facile de faire baisser la pauvreté par un changement de vocabulaire que par une loi qui déboucherait sur un véritable partage des richesses ?
À savoir : D’après une enquête récente de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), seuls 28% des Rmistes ne recherchent pas d’emploi dont 40% pour des problèmes de santé comme raison principale. 5% seulement des personnes interrogées ont déclaré que « travailler ne serait pas financièrement intéressant » pour elles. Enfin, 81% des mères isolées avec de jeunes enfants n’ont pu reprendre une activité professionnelle pour des « raisons familiales ».