Jeudi 18 avril à midi, s’est tenue une nouvelle rencontre du jeudi de l’Odenore à la MJC Abbaye. Celle-ci concernait le non-recours aux dépistages des cancers (sein, col de l’utérus, colorectal) organisés par l’Office de lutte contre le cancer en Isère (ODLC).
Des professionnels de santé étaient réunis, des bénévoles et quelques personnes intéressées par le sujet ont confronté leurs points de vue.
Comment peut-on inciter plus de personnes à effectuer ces examens dont l’efficacité n’est plus à prouver ?
C’était la question à laquelle les participants ont tenté de répondre.
En Isère, l’ODLC parvient à convaincre 53% des femmes concernées par le dépistage du cancer du sein, à se soumettre aux examens. Pour le cancer du col de l’utérus, 60% ont une surveillance gynécologique régulière, quant au cancer colorectal, 45% des personnes ciblées font le test.
Les examens de dépistage du cancer du sein et du colon sont pris en charge à 100% par l’assurance maladie. En Isère, la lecture du frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus l’est aussi.
Aujourd’hui, la moitié des cancers guérissent. Plus le dépistage est précoce, plus le traitement est facile et les chances de guérir sont importantes. Cela permet, par exemple, de limiter la chirurgie du sein ou d’éviter un cancer colorectal en retirant simplement un polype de l’intestin avant qu’il névolue.
Peurs et manque d’informations
Plusieurs freins ont été identifiés depuis le début de ces campagnes : l’importance de la prévention des cancers n’est toujours pas connue de tous et beaucoup associent encore cette maladie à une mort inéluctable. On a souvent peur de l’examen ou peur du résultat !
Certaines personnes pensent ne pas être concernées parce qu’aucun membre de leur famille n’a été atteint par cette maladie. Par pudeur, des femmes n’osent pas consulter un gynécologue, d’autres au contraire, ne souhaitent pas être examinées par leur médecin traitant. Des femmes ne savent pas qu’elles peuvent choisir le praticien qui procédera au dépistage et ignorent aussi qu’elles peuvent se faire accompagner. Le barrage de la langue a été constaté à de nombreuses reprises. Quant aux courriers de l’ODLC, ils sont parfois perçus comme des publicités !
Des patients indiquent qu’ils ne comprennent pas toujours ces invitations et qu’ils souhaiteraient des communications plus simples. Parmi ces derniers, certains ne se présenteront jamais car ils ont honte de ne pas avoir compris le principe de ces examens.
Les professionnels quant à eux, indiquent qu’ils souhaiteraient que la formation initiale des généralistes mette plus l’accent sur les dépistages. Certains médecins refusent à juste titre, d’effectuer un frottis lorsqu’ils n’ont plus l’habitude de le pratiquer. D’autres reconnaissent qu’ils ont parfois inconsciemment tendance à négliger les patients qui auraient le plus besoin d’être informés.
L’ODLC, forme régulièrement et pendant une journée, des personnes relais. Cette centaine de bénévoles, répartis en différents secteurs, est chargée de relayer des informations précises vers les personnes ne participant pas aux dépistages. Ces rencontres informelles ont lieu, à la sortie des écoles, dans les parcs ou en porte à porte. Cette technique a déjà obtenu des résultats probants. Pourtant les bénévoles indiquent qu’ils souffrent d’un manque de légitimité et qu’ils ne se considèrent pas suffisamment formés.
Il n’est pas aisé de parler du cancer, un sujet encore tabou comme semblait le souligner la faible affluence d’une réunion riche en informations. Notre relation à la maladie est bien difficile, il faudra sans doute réfléchir à une autre approche de la communication autour des dépistages, une tâche particulièrement ardue.
Pièce de théâtre « Le dépistage, y a pas de quoi en faire un plat »
samedi 25 mai à 14h,
au Patio, à l’Arlequin à Grenoble
(entrée gratuite)
Pour tout renseignement :
www.odlc.org
04 76 41 25 25