Le rapport du député socialiste Michel Ménard, enregistré au Parlement le 10 juillet 2013 constate que la qualité des vacances que peuvent se permettre les enfants et adolescents français se dégrade depuis plusieurs années. Un des phénomènes est celui d’une baisse de fréquentation des colonies de vacances qui sont devenues trop chères pour les enfants des familles de la classe moyenne qui ne touchent pas d’aide de l’État. Précisions.
Ce rapport n’est pas le seul à souligner la gravité des faits. Des associations aussi tirent la sonnette d’alarme. Et il ne s’agit pas uniquement des colonies, les vacances des jeunes sont en danger dans l’ensemble ! Anne Carayon, la secrétaire générale du collectif Jeunesse en plein air, rappelle que cette année, 3 millions de jeunes âgés de 5 à 19 ans (un quart de leur tranche d’âge) ne pourront pas partir en vacances. Pire encore, parmi eux, 2 millions ne passeront pas plus d’une nuit hors de leur domicile.
La CAF serre la ceinture
Selon le rapport Ménard , il y a deux raisons principales à cette situation. D’abord, la CAF a dû sensiblement réduire les budgets alloués aux vacances depuis les années 1990. Par exemple, en 1994, la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) avait prévu plus de 75 millions d’euros de subventions aux centres de vacances. En 2004, cette somme n’a plus été que de 40 millions d’euros.
Deuxième raison pointée par le député : « L’État a réorienté ses aides au départ en vacances vers les centres de loisirs, qui sont très utiles, mais qui n’assurent pas la même mixité sociale : les enfants restent dans leurs quartiers, avec leurs voisins, dans le même environnement, et sont moins susceptibles de rencontrer d’autres jeunes » !
Quelles en sont les conséquences ? Les bons vacances ont été progressivement supprimés. Les prix des colos ont explosé. Les budgets des CAF ne suffisent que pour les familles très précaires, et les vacances de tout type deviennent donc difficilement accessibles pour les enfants des classes moyennes.
Quelles solutions ?
Premièrement, réinstaurer les aides des CAF aux départs en colo pour favoriser la participation d’un plus grand nombre d’enfants. Le rapport propose également d’autoriser l’utilisation des chèques vacances aux petites et très petites entreprises, qui ne disposent pas de comités d’établissement et qui ne peuvent donc pas soutenir leurs salariés dans ce domaine.
Deuxièmement, le rapport propose de créer un fonds dédié aux centres de vacances, financé par une taxe sur l’hôtellerie de luxe. Ainsi, « prélever 2 % sur une nuitée à 400 euros permettrait de dégager 8 euros ». Cette proposition a directement suscité les protestations des professionnels concernés qui décrient l’injustice fiscale d’un tel dispositif.
Selon Anna Carayon, il est toutefois important de resituer la question dans son contexte. Certes, les colonies sont un lieu de récréation et de détente privilégié lors des vacances d’été, mais en même temps, elles font partie d’un projet éducatif et social complexe, elles sont « d’intérêt général ». Étant des lieux complémentaires aux vacances en famille, elles apportent à l’enfant, « l’autonomie, la rencontre avec l’autre, l’apprentissage de la différence, la confrontation à ses propres difficultés ».
Jeunesse en plein air préconise 3 mesures : d’abord, une campagne d’informations qui permettrait aux parents et aux enfants de comprendre en quoi les séjours collectifs sont intéressants et ce qu’on y gagne. Ensuite une aide de 200 euros par semaine et par enfant parti en colo (pour compléter les aides déjà existantes, à savoir les allocations de la CAF, les subventions des collectivités territoriales et les aides des comités d’entreprises). En dernier lieu, des tarifs préférentiels de la part des transporteurs. Pourquoi ? De nos jours, il s’agit de tarifs standard assez élevés qui peuvent facilement compromettre le départ de l’enfant en vacances. De plus, voyager en groupe dans les transports en commun est toujours un pas important pour l’accès des enfants à l’autonomie.
Fervents défenseurs de vacances collectives, partisans de séjours de courte durée ou plutôt de vacances en familles ? Les opinions peuvent diverger mais une chose est sûre : deux millions d’enfants français resteront toute l’année enfermés chez eux. C’est beaucoup !
Les informations sur les aides de la CAF de l’Isère pour un départ en vacances suivront prochainement.