Toujours concerné par l’appel à projets lancé par la municipalité pour l’occupation de leurs locaux ainsi que du Petit Théâtre attenant, l’association du Créarc a organisé jeudi 24 octobre au soir une réunion d’information pour faire le point sur l’évolution de la situation depuis les dernières Rencontres du Jeune Théâtre Européen qui se sont tenues début juillet.
Des Rencontres qui ont donné lieu à la rédaction d’une « Déclaration de Grenoble », signée du Réseau du Jeune Théâtre Européen, accessible à cette page. « Il y avait eu un Discours de Grenoble, de sinistre mémoire, note non sans ironie le directeur du Créarc Fernand Garnier. Il y a désormais une Déclaration de Grenoble qui, elle, est plutôt lumineuse. »
Ce texte court rappelle l’importance d’un événement comme les Rencontres du Jeune Théâtre Européen au sein d’une Europe traversée par « une crise économique, sociale, politique et culturelle qui met en cause son existence même ». Grâce aux Rencontres et au Réseau, affirme cette déclaration, « Grenoble est aujourd’hui le centre d’un Mouvement culturel et théâtral collaborant à la construction d’une Europe qui permet aux jeunes d’apprécier leurs différences et de se vivre comme parties prenantes d’un ensemble qui les concerne directement. »
La Déclaration se conclut en demandant solennellement que « le Créarc ait les moyens de poursuivre ses activités en tant que Centre de Création et Centre du Mouvement du Jeune Théâtre Européen » et en souhaitant « que la Ville de Grenoble par l’aide qu’elle apporte au travail du Créarc demeure le pôle d’élaboration et de développement culturel qu’elle est aujourd’hui. »
Engagements et ménagements
Suite à la lecture de cette Déclaration, les responsables de l’association ont rappelé l’engagement pris par Jérôme Safar, qui les a assurés que la municipalité de Grenoble tenait à ce que le Créarc et les Rencontres puissent continuer à exister. Une promesse d’autant plus forte que l’on sait depuis que Jérôme Safar sera le candidat socialiste grenoblois pour les élections municipales de 2014.
Mais l’actuel maire de Grenoble, Michel Destot, n’a pas été absent du débat. Dans une lettre répondant à un concitoyen inquiet quant à l’avenir du Créarc, il a notamment écrit : « depuis 25 ans désormais, les Rencontres du Jeune Théâtre Européen sont, dans notre ville, un temps fort d’échange culturel, d’autant plus qu’elles participent d’un engagement artistique respectueux des identités de chacun. Cette manifestation est ainsi complètement en phase avec l’identité et l’esprit de Grenoble, ville cosmopolite et ville multiculturelle, tournée vers le monde, ville de brassage, de métissage, de rencontres et d’échanges. »
Une opinion similaire à celles qu’ont exprimé les différents membres du conseil municipal, toutes tendances politiques confondues, que le Créarc a rencontrés. De droite comme de gauche, chacun insiste sur l’importance des Rencontres et l’excellent travail produit par l’association.
Si l’unanimité semble faire loi dans les rangs des élus, l’appel à projets n’en demeure pas moins d’actualité. Ainsi, Romano Garnier a pu annoncer durant la réunion qu’il venait de recevoir un appel du directeur des affaires culturelles, lui indiquant que la commission chargée d’évaluer les dossiers avait retenu trois projets, dont celui du Créarc. Le 17 décembre, celui-ci sera donc invité à se présenter devant la commission afin de le présenter et de le défendre en personne.
La commission ne rendant pas publique les noms des personnes ou associations ayant déposé un dossier dans le cadre de cet appel à projets, on ignore à ce jour qui sont les autres candidats en lice, ces derniers ne tenant visiblement pas à se faire connaître.
La scène sans mécènes
La décision définitive de la commission devrait être rendue au plus tard fin janvier 2014. D’ici là, le Créarc ne baisse ni les bras, ni les armes, continuant à faire circuler la pétition de soutien qui compte à ce jour pas moins de 2700 signatures provenant de France comme du monde entier.
Évidemment, l’association ne veut pas rester sur cette seule position défensive et continue à penser à la suite, quel que soit le sort que lui réserve l’avenir. Insistant sur les subventions relativement faibles versées par la municipalité, l’association n’exclut pas de les négocier à la hausse en cas d’acceptation de leur projet, qui ne manquerait pas d’asseoir sa légitimité et de confirmer le soutien tacite de la mairie en faveur de son action. L’accent a également été mis sur la nécessité de disposer d’un second lieu de représentations, le Petit Théâtre servant à la fois aux spectacles, aux cours dispensés par les animateurs d’ateliers ainsi qu’aux résidences.
Enfin, la réunion à été l’occasion de dresser un bilan, plutôt pessimiste, de l’état actuel du théâtre sur la région comme dans toute la France. Constatant que les conservatoires subissent des baisses de financement très marquantes, ce qui ne peut que les conduire in fine à fermer des classes, plusieurs intervenants se sont interrogés sur l’avenir même de la formation des comédiens en France. Les coupes brutales dans les subventions culturelles mettent également en valeur le peu d’intérêt que semble susciter aujourd’hui le spectacle vivant chez les élus ou les décisionnaires politiques, quand bien même le public lui demeure fidèle.
Malgré cette situation bien difficile, le Créarc n’a de toute évidence pas l’intention de céder au renoncement et manifeste plus que jamais son désir d’évoluer et de se renouveler. « Ce sont les idées qui créent le réel », a rappelé Fernand Garnier, qui n’est pas homme à manquer de sens de la formule.