Debout-payé décrit avec humour l’évolution du métier de vigile depuis les années 60 et les raisons de l’immigration africaine vers la France, à travers le parcours de trois personnages.
Partiellement autobiographique, ce roman explique pourquoi trois générations d’ivoiriens diplômés, en poste, fonctionnaires ou pères de famille, décident de migrer vers Paris. Carte de séjour en poche ou visa d’étudiant, ils risquent pourtant à terme, de se retrouver sans-papiers… payés pour rester debout.
GauZ’ nous transporte dans cet univers complexe dominé par la solidarité et l’entraide. Les pensées vagabondes de son héros Ossiri se projettent dans l’esprit du lecteur. Cameraman invisible, il observe, scrute et dissèque. Photographe transparent, il immortalise de savoureux portraits. Scientifique méthodique, il élabore quelques théories imparables et fonde même plusieurs théorèmes pratiques !
Son œil est critique, sa prose habile et percutante : « l’histoire retient plus les symboles que les formes… Si elle se libérait aujourd’hui, la Bastille libérerait des milliers de prisonniers de la consommation ».
Ossiri transforme l’ « ennui, le sentiment d’inutilité et de gâchis » avec dignité. Il est conscient de n’être en réalité qu’une présence menaçante, un épouvantail, sans prérogative. Lucide, il ironise : « ayez peur parce que si vous volez, moi, je vais vous attraper et appeler la police ».
Certes, tous les vigiles ne possèdent ni sa culture ni sa verve, mais cet ouvrage présente, néanmoins un point de vue intéressant et un éclairage surprenant sur ce métier.
Debout-payé
de GauZ’
Éditions Le nouvel Attila
172 pages, 17 €