A l’occasion du centenaire de sa naissance une exposition a eu lieu et en cette occasion un catalogue est paru, dédié à la vie d’Henri Langlois, collectionneur passionné, qui fonda la Cinémathèque Française pour faire passer le cinéma au rang de septième art.
Le cinéma est un art majeur qu’il faut préserver : telle était la vision d’Henri Langlois. Ce cinéphile fou furieux fut un précurseur qui dans les années trente lança le cinéma à la conquête des autres arts. Ses passions dévorantes à tout garder, à tout montrer du septième art auquel il a voué sa vie, sont retracées dans cet ouvrage qui, par le biais de témoignages la plupart du temps bienvenus, rend hommage à ses combats pour sauver le patrimoine, et à son inlassable vocation à faire connaître les films du monde entier. »Nous avons simplement espéré ressusciter le temps, recréer la magie qui fit la vocation de Bunuel et de Bergman, rouvrir des fenetres, sensibiliser à cette dimension qui est l’espace réel dans lequel se meut le cinéma, restituer le cheminement de Griffith et celui d’Eisenstein, non pour retracer le passé, mais pour le maintenir vivant. »
Cet homme chaleureux, à l’aspect débonnaire, se transcendait dés qu’il parlait de cinéma et mû par sa passion s’évertua à soutenir des œuvres méconnues, à les promouvoir en les transmettant au plus grand nombre, rassemblant bien plus qu’un public puisqu’il fit naître des vocations, celles de la nouvelle vague notamment. La Cinémathèque Française fut une communauté dans laquelle s’engouffra en effet toute une génération de cinéaste : Godard, Chabrol, Truffaut, Rohmer, Rivette et bien d’autres la fréquentèrent assidûment. Comme une pellicule qui se déroule, le livre se lit avec plaisir et permet par la même occasion d’enrichir sa propre connaissance à propos d’un art qui ne se contente pas de divertir, mais de faire comprendre le monde et qui, l’air de rien, relate quatre décennies consacrées au cinéma.
Un ouvrage qui nous montre également comment Henri Langlois fit dialoguer les plus grands artistes de l’époque et offre la possibilité de découvrir plus en détails cet homme trop méconnu, qui privilégiais la rencontre des arts et les faisaient se confronter afin de mieux s’influencer. Il est composé de coupures de presse, d’affiches de films, et surtout d’images mythiques compilées dans ce formidable concentré de beauté, explosions de couleurs, au travers de photos qui rassemblent quelques une des figures emblématiques du cinéma( De Chaplin à Truffaut en passant par Cocteau, Welles ou Hitchcock) et des arts (Picasso, Matisse ou Chagall).
Une occasion enfin de parcourir en tout sens cette frise virtuelle sur l’histoire mouvementée de l’homme, de ses combats incessants pour préserver les films, mais aussi la Cinémathèque, dont on faillit l’évincer sous prétexte de négligences administratives avant de très vite le réintégrer sous la pression de tout les amoureux du septième art.
Au final, à travers les yeux d’Henri Langlois, ce livre fait mouche : il illustre l’aventure d’une personnalité majeure de la vie artistique du XXe siècle et en creux, nous conte l’histoire d’un cinéma inoubliable, loin, très loin de l’ « aussi vite vu-aussi vite oublié » qui abonde aujourd’hui.
Le musée imaginaire d’Henri Langlois
Editions Flammarion
205 pages, 45 Euros