Je joue, donc… jeu suis !

Le jeu, parfois considéré comme activité inutile, est cependant omniprésent dans notre quotidien. Et si le jeu avait plus à nous apprendre qu’il n’en laisse paraître ?

 

« On a l’impression que le jeu est important pour le développement de l’enfant et qu’après il n’a plus de place dans le développement de l’adulte. Ce n’est pas forcément la position qu’on soutient », explique Lucie Anthouard, animatrice à la Maison des Jeux (association reconnue d’éducation populaire et organisme de formation). Pour les adultes, une des utilités du jeu est de favoriser le lien social et de mettre de coté les disparités culturelles et économiques. « Le jeu va permettre qu’on soit dans un univers autre. On n’est plus sur des préjugé et finalement on est un peu tous à la même enseigne. »

Sigmund Freud, psychanalyste autrichien, rappelle que « le contraire du jeu ce n’est pas le sérieux, c’est la réalité ». À tout âge, au travers du jeu, on revit des situations de notre quotidien. On est en concurrence avec d’autres joueurs, on poursuit un objectif, parfois on gagne, parfois on perd. Certains adultes prennent le jeu trop au sérieux et détestent perdre. Lucie Anthouard ajoute : « Depuis que je travaille à la Maison des jeux, j’arrive beaucoup plus à relativiser la défaite, parce que je me rends compte que souvent dans un jeu, je ne joue pas pour gagner, mais pour tout le chemin qui existe avant et qui fait qu’on va passer un bon moment ensemble, qu’on va rigoler, qu’on va échanger avec les autres ». Si on est capable de relativiser la défaite lors d’un jeu, alors il nous sera probablement plus facile d’admettre de ne pas être retenu lors d’un recrutement, sans pour autant remettre en cause ses compétences et se sentir exclu.

Mais peut-on imaginer des jeux où personne n’est exclu ? Des jeux où les joueurs jouent les uns avec les autres dans une seule équipe et poursuivent ensemble un objectif commun qui ne peut être réalisé que par l’entraide et la solidarité ? Cela existe, ce sont les jeux coopératifs. Ces jeux tournent souvent autour des thématiques d’écologie et de développement durable, comme le jeu « Le Verger », où il s’agit de ramasser des fruits avant qu’un corbeau les ait mangés, ou « Sambesi », jeu dans lequel il faut libérer des animaux capturés par un braconnier. Il n’y a aucun avantage à faire « cavalier seul ». Au contraire, c’est prendre le risque de se retrouver plus facilement bloqué dans le jeu. Mais la partie peut ne pas être finie pour un joueur, car les autres participants ont la possibilité de l’aider, le réintégrer dans l’équipe et poursuivre le jeu ensemble. Soit tout le monde gagne, soit tout le monde perd… ensemble ! Ces jeux ont une certaine popularité dans l’économie sociale et solidaire, peut-être parce que dans ce milieu transmettre les valeurs de solidarité et d’entraide revêt une grande importance.

Même dans les jeux dit compétitifs, la coopération existe, ne serait-ce que pour se mettre d’accord sur des règles communes. Ce type de jeu ne devient discutable que lorsque la fin justifie les moyens et que l’appât du gain prend le pas sur les valeurs d’entraide. Alors pour que chacun trouve sa place sans exception, ni exclusion, jouons !

Plus d’information
Maison des jeux de Grenoble
48, quai de France
38000 Grenoble
Tél. 04 76 43 28 36
www.maisondesjeux-grenoble.org