Riad Sattouf, né en 1978 d’un père syrien et d’une mère française, est l’auteur d’une bande-dessinée qui vient de paraître aux Editions Allary, laquelle relate sa propre enfance, ses pérégrinations et ses aventures.
C’est l’auteur qui est le personnage principal, le petit Riad. Il est marrant, avec une longue chevelure blonde, qu’il tient de sa mère, française qui a épousé un syrien. C’est lui qui raconte, qui se raconte, avec un accompagnement de dessins épurés, sans trop de fioritures, assez figuratifs. On découvre d’abord la rencontre des parents, entre un père, alors doctorant en Histoire d’origine syrienne venu en France pour ses études, et sa mère étudiante elle aussi. Le père obtient son Doctorat l’année de la naissance de Riad et fort de son diplôme emmène sa petite famille en Libye ou il a un poste richement payé.
C’est là que la bande-dessinée devient la plus intéressante. Au début en effet, on aime bien le dessin et la pyschologie des personnages (le père et Riad notamment), mais l’histoire reste un peu legère. Par contre dès que les aventures et les voyages commencent, ce qui devient intéressant c’est le rendu assez objectif des différences psychologiques, sociales et culturelles qui séparent notre vie occidentale de pays comme la Libye ou la Syrie. On a un peu l’impression d’accompagner les personnages dans leurs aventures, et d’être présent avec eux. Et non seulement l’auteur rend de nombreux détails inédits pour nous occidentaux, mais c’est avec le regard de l’enfant qu’il les découvre. La narration est donc naïve, simple, sans parti pris, même si on sent en arrière plan une tendresse de Riad Sattouf pour son enfance et ses acteurs.
Une enfance mouvementée puisque le petit Riad accompagne d’abord ses parents en Libye, puis revient en France, il repart en Syrie puis revient encore en France. Le premier tome de la bande-dessinée s’achève sur un second départ pour la Syrie (l’histoire est alors « à suivre… »). Histoire mouvementée aussi pour le petit Riad qui doit affronter des situations pas vraiment évidentes (pour nous occidentaux en tous cas), entre des logements ou des plats douteux, la méchanceté de certains camarades d’ écoles, ou moult détails qui choqueraient les parents moyens de nos classes moyennes françaises.
La lecture de cette bande-dessinée est agréable. On se prend à l’histoire, on a envie de savoir ce qui va se passer ; sans aller jusqu’au suspense on est authentiquement pris par le scénario, et on est aussi intéressé par la découverte du quotidien d’un enfant dans la Syrie du début des années 1980. On sent l’authenticité de ce qui prend dès lors la forme d’un témoignage. Un bel équilibre est tenu entre l’humour et l’honnêteté et l’impartialité de la vision enfantine du récit.
Il y a un bon moment à passer en lisant cette bande-dessinée, qui peut, en plus de nous amuser avec ses personnages sympathiques, porter en outre à réfléchir sur les différences culturelles qui nous séparent de pays comme la Libye ou la Syrie. On lira le tome deux avec appétit.
Riad Sattouf
L’Arabe du futur (une jeunesse au moyen-orient, 1978-1984)
Allary Editions, 2014
20,90 €