Dialogues qui font mouche et personnages hauts en couleur sont au programme du Teckel, que nous propose Casterman et sa collection Professeur Cyclope.
Les co-labos
On l’appelle « le Teckel », et c’est un vieux de la vieille, un vrai de vrai. Visiteur médical de la grande époque à qui l’on présente le jeune loup destiné à devenir son partenaire. « Évidemment, je refuse. » répond-il. Mais à un an et demi de la retraite, a-t-il vraiment le choix ?
L’objectif de cette fine équipe, c’est de convaincre les médecins de prescrire à leurs patients du Marshall 2, des laboratoires Duprat, alors que le Marshall premier du nom a causé la mort de nombreux patients de par le monde. Toute ressemblance avec un laboratoire pharmaceutique existant ou ayant existé ne saurait être qu’évidemment fortuite.
Mais aussi ardue soit cette tâche, elle semble une sinécure à côté de la cohabitation difficile entre le Teckel et le jeune chiot qui l’accompagne, d’autant plus compliquée lorsque le novice comprend que son rôle consiste avant tout à surveiller – et évaluer – son collègue de la vieille école, soûlard, dissipé et volontiers méprisant.
Beau le labo
On retrouve dans Le Teckel la structure somme toute classique de nombre de films policiers, quand deux personnages que tout oppose se retrouvent à devoir cohabiter et travailler ensemble, jusqu’à ce que noue entre eux une inévitable amitié bourrue. De ce point de vue, Hervé Bourhis a le mérite certain d’innover et de laisser son récit sortir de certains terrains battus, de s’offrir une liberté narrative que son graphisme inspiré suit avec élégance.
On se croit volontiers dans un road-movie français des années soixante-dix, on imagine Corneau derrière la caméra et Marielle en Teckel redoutable, mais on nous évite toutefois bon nombre de clichés liés au genre, et l’on nous réserve même quelques surprises, ce qui n’a rien de négligeable à l’heure actuelle.
Peut-être juste pourra-t-on regretter que la satire du monde de l’industrie pharmaceutique et des méthodes de ses visiteurs médicaux ne soit pas plus présente au sein de ce récit qui, pour autant, sait maintenir l’intérêt de son lecteur et n’hésite pas de temps en temps à prendre le risque de le dérouter, sans jamais trahir son ambiance crépusculaire, son atmosphère étrange sinon onirique.
Le Teckel
De Hervé Bourhis
Éditions Casterman
Collection Professeur Cyclope
90 pages, 16 €