Des vies sans histoire face à un monde qui bascule dans le chaos zombie, c’est sans surprise le propos de ce premier tome de La Nuit des morts vivants.
Le retour de la nuit des morts vivants
The Walking Dead, Zombies, Zombillenium… La bande dessinée n’a certainement pas échappé à la mode du zombie, et ce ne sont pas les lecteurs qui vont s’en plaindre. En cette fin d’années, c’est Vents d’Ouest qui se lance dans la ronde en proposant une adaptation de La Nuit des morts vivants.
Une adaptation extrêmement libre cependant : à quelques infimes détails près, l’histoire que nous racontent le scénariste Jean-Luc Istin et le dessinateur Elia Bonetti n’a rien de commun avec les aventures des personnages du film fondateur de George A. Romero réalisé en 1968. On ne saurait le leur reprocher : mieux vaut un récit original que le calque opportuniste d’un film, aussi magnifique soit-il.
Certes, le lecteur habitué des morts vivants ne sera pas nécessairement surpris par la tonalité de l’ouvrage, tant dans ses choix graphiques et esthétiques que dans la ligne directrice de son propos. Quelques poncifs ne nous sont pas épargnés, à commencer par celui du père déambulant seul avec ses enfants au sein de l’apocalypse. Mais le scénariste nous épargne toutefois les procédés tire-larmes habituels, et l’on ne peut que l’en remercier.
À gore et à gris
Pas forcément très originale mais diablement efficace : voilà ce qui ressort de La Nuit des morts vivants façon BD. L’alternance entre mode comics américain et bande dessinée à l’européenne donne du nerf à l’album, qui sait avoir recours à des élégances stylistiques – dans le jeu des ellipses, dans l’agencement des cases – aussi appréciables qu’esthétiques, sans jamais rogner sur la clarté de sa narration.
Énergique, laissant peu de répit au lecteur qui tournera les pages avec plaisir et curiosité, La Nuit des morts vivants est une très belle réalisation, qui lorgne beaucoup sur la série des Walking Dead sans jamais se laisser aller aux facilités du copié / collé, une politesse dont tous les scénaristes ne font pas preuve, et cela encore plus lorsqu’il est question de zombies.
Les amoureux de gore resteront peut-être un peu sur leur faim, mais l’on évitera toutefois de mettre le livre entre toutes les mains, à commencer par celles des plus jeunes. Les autres, et plus encore les amateurs ou les passionnés, auraient cependant tort de passer leur chemin. Et attendront la suite avec une certaine impatience.
La Nuit des morts vivants
Tome 1 – Les Fautes du père
de Jean-Luc Istin et Elia Bonetti
Éditions Vent d’Ouest
56 pages, 14,50 €