« Qu’est ce que j’peux faire, j’sais pas quoi faire » Denis Roudil aurait facilement pu reprendre à son compte cette citation extraite du film Pierrot Le Fou lorsqu’il a achevé son service militaire en 1992. Une licence de mathématiques en poche, mais pas l’envie de continuer pour devenir enseignant. Dégagé des obligations militaires, il lui appartenait de trouver autre chose … sa voie, mais laquelle ? Sans emploi sans réel objectif, il est au RMI puis « par la force des choses, je me suis retrouvé au Bon Plan ». Presque par hasard, comme par nécessité.
Les voyageurs du minimum
Au Bon Plan, ce ne sont pas ses connaissances mathématiques qui vont être mises à profit : « Ici je me suis vu proposé de faire du journalisme et de participer aux Voyageurs du Minimum ». Ainsi, il assiste Florent Zajac pour cet accompagnement d’écritures de textes par des bénéficiaires des minima sociaux en vue d’une publication. L’originalité du projet suffit pour réveiller la motivation Et c’est un autre savoir qu’il va utiliser pour donner un autre aspect à cette expression de sans voix : « J’avais une expérience de théâtre amateur alors j’ai fait la lecture de certains textes dans un local à proximité de la place Sainte Claire ». Si Denis déplore que sa prestation ait été vue par un nombre restreint de personnes, ce souvenir n’est pourtant pas pas teinté d’amertume. En bon mathématicien, il constate, explique un peu mais ne juge pas. Cela fait longtemps qu’il est passé à autre chose.
Coup de fouet
De sa période au Bon Plan, il a conservé les points positifs : une expérience professionnelle qui lui a permis de rebondir, de retrouver le goût de mener des projets à terme. Même si les objectifs atteints n’étaient pas toujours ceux espérés. « Mais je n’avais jamais travaillé avant !.. Cette expérience m’a vraiment donné un coup de fouet. ». Une fois la période Bon Plan achevée, il se retrouve sur le marché du travail. Juste le temps de trouver une formation de six mois en informatique au Greta, débouchant sur un diplôme qualifiant. Quelques CV envoyés en fin de stage et le voici rapidement embauché à un poste de développement et maintenance informatique qu’il occupe toujours.
Il semble presque amusé par son parcours et tente d’en trouver la logique : « C’est étonnant : mon métier actuel n’a strictement rien à voir avec ce que je faisais au Bon Plan. En même temps, c’est mon passage au Bon Plan qui m’a permis d’envisager cette formation. » Une insertion « en douceur » dans le monde du travail qui semblait correspondre à ses hésitations et ses errements. Il semble qu’il ait suffi de participer à des travaux valorisants et de faire confiance à ses initiatives pour que Denis prenne conscience de son potentiel. Le rythme du chantier d’insertion lui semble même bien adapté à un retour à l’emploi : « Lorsqu’on veut apprendre à quelqu’un à faire du ski, on ne l’emmène pas tout de suite sur une piste noire… Pour moi il n’y a pas un monde du travail, il y a des mondes du travail. »
A présent, l’emploi qu’il occupe le passionne mais il ne constitue pas pour autant une finalité. Sur cette base, il a développé son goût pour le théâtre qu’il continue à pratiquer assidûment en amateur. Avec le regret de l’avoir découvert trop tard pour prétendre à une carrière professionnelle. Qu’importe ! Denis Roudil sait maintenant quoi faire !