New’s FM proposait sur ses ondes ce jeudi 18 juillet une émission consacrée à l’insertion à l’échelle départementale, donnant la parole à José Arias (vice-président du Conseil général), Yves Berthuin (directeur-adjoint à la Direction de l’insertion et de la Famille au Conseil général de l’Isère), Laurent Pinet (Directeur du Groupe d’économie solidaire Ulisse38) et Alain Guézou (président de l’association RSA38).
Un programme durant lequel beaucoup de questions et de points essentiels ont été abordés, parfois dans l’indignation, jamais dans la polémique. En attendant que l’émission soit disponible en podcast sur le site de la Confédération des radios associatives, Le Bon Plan vous en propose un premier bilan.
S’appuyant sur deux interventions de François Chérèque, lorsque celui-ci est venu présenter le Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté à Grenoble le 19 juin 2013, les premières questions laissent aux invités le soin d’exprimer clairement leurs positions.
« Un décalage entre l’urgence et le besoin d’anticiper »
Lorsqu’on leur demande s’ils ont été associés à cette concertation menée par l’ancien patron de la CFDT, José Arias précise que le Conseil général ne l’a pas été, et explique avoir demandé à rencontrer les auteurs de ce plan pluriannuel. Laurent Pinet parle d’association « par réseaux interposés », sans avoir été directement contacté. Quant à Alain Guézou, il déclare que son association n’a pas été associée du tout à ce plan, « ceux qui sont directement intéressés ne sont jamais invités à ce genre de négociations », ce qui relève pour lui d’une véritable « volonté politique ».
Sur la question de la responsabilité gouvernementale et politique, José Arias ne cache pas son désappointement. Prenant pour exemple la question des assistantes sociales, le vice-président du Conseil général montre toute la tension entre annonces nationales et réalités régionales, ainsi qu’entre les mesures d’anticipation et les urgences sociales.
Alain Guézou, pour sa part, ne mâche pas ses mots : « ce n’est que de la communication. »
Puis c’est la question du budget que l’on aborde. Un budget conséquent, puisque c’est 108 millions d’euros annuels qui sont consacrés à l’action sociale dans le département. Une somme dédiée au versement des aides, mais aussi à financer des centaines d’actions différentes, destinées à favoriser l’insertion, à lutter contre l’exclusion, voire l’isolement.
L’émission a abordé dans sa dernière partie la présentation des CORTIS (Coordinations territoriales pour l’insertion) et des EP (équipes pluridisciplinaires), deux organismes chargés de gérer et contrôler l’action sociale au sein de la région et du département.
Plus politique, les CORTIS sont le lieu où se décide les actions locales. Plus technique, les EP étudient les dossiers individuels des allocataires. Elles peuvent même, en dernier recours, décider de la suppression du RSA pour un allocataire qui ne respecterait pas le contrat qu’il a signé. Dans les deux cas, des allocataires du RSA siègent parmi ces organismes. Ce que salue Alain Guézou : « (ce sont) deux symboles forts : ils (leur) permettent de ne plus se sentir seuls. Par exemple, les CORTIS permettent aux allocataires de prendre la parole en public, de défendre des objectifs. C’est important. »
« On se bat pour que les allocataires du RSA soient des citoyens »
L’émission s’est conclue sur la question de l’image des titulaires du RSA ou des bénéficiaires d’aides sociales. On écoute Pierre Mazet, sociologue, qui met en relation le paradoxe entre augmentation de la solidarité et montée de la méfiance vis-à-vis de ceux qui en bénéficient.
Puis c’est le témoignage de Sandrine, une auditrice, qui écrit sur le forum de la radio : « je suis passée par un chantier d’insertion. Lors d’un entretien pour un emploi, on a cru que j’avais fait un travail d’intérêt général. » Un exemple de méconnaissance parmi d’autres…
Mais parler d’image, c’est aussi parler de celle que l’allocataire a de lui-même. Alain Guézou insiste sur le fait que le RSA est une étape : « ça peut arriver à chacun d’entre-nous. Il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas avoir honte. » A quand une campagne de sensibilisation, pour changer les mentalités ? C’est sur cette question que l’émission se termine.
La prochaine rencontre aura lieu en octobre, le thème en sera RSA et lien social.
L’émission est à présent écoutable et téléchargeable gratuitement sur le site crancra.org, à cette page.