Dans la bande dessinée Alexandre Jacob de Vincent Henry et Gaël Henry, retrouvez la véritable histoire de ce cambrioleur mystérieux, anarchiste des premières heures de la Troisième République.
Alexandre Jacob est né en 1879 et mort en 1954 après plusieurs années au bagne. À travers le XXe siècle, sa vie de hors-la-loi n’est relaté que dans quelques histoires romancées. C’est sur ce personnage complexe que Vincent Henry et Gaël Henry ont planché dans cette bande dessinée. Alexandre Marius Jacob fut la principale inspiration derrière Arsène Lupin. Il volait les notables, les députés, les banquiers, mais jamais un artiste, aussi riche soit-il. Ce qui amène à se demander : était-il un bandit au grand cœur ? Un activiste anarchiste ? Ou volait-il simplement pour vivre une belle vie en accord avec ses idéaux ?
C’est cette dernière idée que les auteurs ont décidé de suivre dans Alexandre Jacob, journal d’un anarchiste cambrioleur. Un peu comme dans un film de cambriolage à la sauce varoise, cet ouvrage en histoire complète commence avec la présentation des principaux protagonistes et associés au malfrat notoire.
De marin naïf à escroc libertaire
Alexandre Jacob n’a pas toujours été cambrioleur : il a d’abord été un jeune mousse sur les navires de la Côte d’Azur. C’est lors de ses escales à Marseille, sa ville natale, qu’il fait la rencontre de journalistes qui prônent une idée marxiste extrême : l’anarchisme. Dans les bars où il passe la plus claire partie de son temps, il rencontre des têtes pensantes de ce mouvement, comme Sébastien Faure ou Louis Matha et s’investit dans cette cause.
Par la forces des choses, il en vient à commettre quelques méfaits et à voler pour faire vivre le journal de ses amis. Durant ses séjours en prison, il rencontre Jules Clarenson, Marius Royère et toute une ribambelle de personnages hauts en couleur qui seront ses complices. En effet, ses cambriolages deviendront de plus en plus osés, tant dans le sud de la France qu’à Paris.
Une histoire d’anarchie ordonnée
Dans cette bande dessinée, Vincent Henry et Gaël Henry nous présentent une histoire mature, parfois un peu graveleuse, mais dont l’ambiance reste détendue entre deux scènes énergiques ou un peu violentes. Le dessin à l’encre et au fusain ainsi que le style des personnages peu réaliste confère à Alexandre Jacob l’atmosphère d’un conte moderne anarchiste.
Si l’histoire relate un anar aux casses toujours plus ambitieux, le scénario lui reste simple et efficace. On commence par une scène de vol qui tourne plutôt mal. Tandis que l’histoire continue, notre (anti)héros relate son parcours, et cela jusqu’au « moment présent » afin que continue le récit. Si cette méthode est monnaie courante dans les séries et romans policiers, elle est ici rafraîchissante sous forme de bande dessinée, se maintenant à distance de l’ultra-réalisme sombre policier.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire bien ?
Un peu comme la vie du personnage éponyme, Alexandre Jacob, journal d’un anarchiste cambrioleur est simple, sobre, mais efficace. Il n’était pas un prince voleur ou un activiste politique : il cambriolait parce qu’il était doué pour ça, tout en ayant un code d’honneur inébranlable. Avec cet ouvrage, on pourra aussi mieux comprendre cette idéologie qu’est l’anarchie, reflet d’une Belle Époque à l’orée de la Première Guerre mondiale.
Alexandre Jacob, journal d’un anarchiste cambrioleur
Vincent Henry & Gaël Henry
Aux éditions Sarbacane
156 pages
22,50 €