Retrouver seul un équilibre après des problèmes d’addiction peut être difficile : Point Virgule propose des Appartements de Coordination Thérapeutiques pour accompagner vers un quotidien apaisé.
Venus d’hôpitaux ou de centres de soins, les personnes souffrant d’addiction éprouvent à terme le besoin de retrouver une vie « normale ». Dans leur effort d’insertion, le logement et l’accompagnement sont donc au centre de leurs efforts afin de « vivre sans produit ». Au sein de Point Virgule (qui fait partie du CODASE) à Grenoble, le service Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) est étoffé du dispositif d’Appartements de Coordination Thérapeutique (ACT). Aujourd’hui composé de onze appartements, il est un véritable outil pour aller vers une situation plus stable et saine.
Un service adapté et spécialisé
Les appartements ACT sont répartis dans tout Grenoble pour que les personnes accueillies intègrent pleinement la vie urbaine. Point Virgule loue des appartements à des bailleurs sociaux ou privés et les propose pour des contrats de 6 mois à 1 an. La teneur de ce contrat est plutôt simple : il faut être assidu dans ses rendez-vous d’accompagnement, s’engager à prendre soin de son logement, payer une participation au loyer et ne consommer ni alcool ni stupéfiants, où comme il se dit à Point Virgule, être abstinent.
Les personnes en ACT sont orientées par des services de sevrages hospitaliers ou des centres de post-cures. Suzanne Joux, chef de service à Point Virgule, évoque « une multitude de publics différents, de la personne sous main de justice à celle sortant de post cure. » De plus, il faut être recommandé par des soignants ou travailleurs sociaux, de milieux sociaux ou hospitaliers, comme par exemple Soisic Lozachmeur du service hospitalier d’addictologie G. Groddeck de Saint-Égrève qui « dialogue beaucoup avec Point Virgule ».
Suzane Joux, chef de service à Point Virgule
Accompagnement personnalisé
Sortir de l’addiction est un processus long et l’accompagnement médico-social peut s’avérer compliqué, avec notamment une multiplication d’interlocuteurs. C’était le cas d’Éric, ancien bénéficiaire d’un appartement thérapeutique. Pour lui, l’emploi d’un jargon de spécialistes compliquait son implication dans une démarche d’insertion. À Point Virgule, il a trouvé un langage qui lui correspondait, moins formel, et « une patience et un respect qui [lui] manquaient. »
Laurie, éducatrice stagiaire en formation à Point Virgule insiste : « Les personnes en démarche de soin rencontrent souvent des médecins et des psychologues […] c’est pourquoi, aux ACT, nous essayons d’avoir des espaces de parole moins formels avec des repas, sorties, bricolage… afin de les connaître de façon plus globale et naturelle. «
Salle de rendez-vous où les animateurs reçoivent les hébergés
Un tremplin vers une vie hors du médical
Rentrer dans le dispositif ACT, c’est aussi s’engager : à payer un loyer (calculé sur les revenus), maîtriser ses dépenses, venir à ses rendez-vous à Point Virgule et être dans une logique d’abstinence. Ces responsabilités sont formalisées dans un contrat afin de redonner aux bénéficiaires une emprise sur leur quotidien. En effet, les personnes souffrant d’addiction ont souvent une vie « gouvernée par le produit », c’est pourquoi cette responsabilité est l’occasion de reprendre de bonnes habitudes.
Dans le même temps, ces hébergés sont encadrés et suivis. En plus des rendez-vous hebdomadaires, un éducateur technique assure une aide pour les petits tracas du quotidien auxquels ils ne sont plus habitués. Le personnel de Point Virgule assure aussi une aide personnalisée pour chacun : par exemple, Éric, avec l’aide de Suzanne Joux et des éducateurs, a pu travailler deux ans à la Brocante de Mamie, régler un divorce difficile et rechercher un appartement pour la suite.
L’expérience d’Éric semble avoir porté ses fruits : aujourd’hui, bien qu’au chômage, il a un appartement stable et n’a pas rechuté. Dans la lutte contre la dépendance, reprendre en main son quotidien est déjà une victoire importante.