La nouvelle exposition du Musée Dauphinois « les jeux olympiques qui ont changé l’Isère » retrace la transformation radicale de la région grenobloise, l’engouement populaire, les retransmissions sportives ainsi que les valeurs du sport amateur.
Lors de l’inauguration, le président du département Jean-Pierre Barbier évoquera l’importance des changements de la ville de Grenoble mais aussi du département. Rappelant par là-même que les bâtiments de l’ancien couvent de Sainte-Marie-d’en-Haut avaient été restaurés pour l’occasion pour faire place à l’actuel Musée Dauphinois.
« Je me suis retourné et là, j’ai pris 7 minutes pour moi (…) elles n’étaient que pour moi »
A l’occasion de l’inauguration en ce lundi 5 février les grands médaillés de 68 : Jean-Claude Killy, Marielle Goitschel, Alain Calmat, Léo Lacroix, Guy Perillat, Patrick Pera et Franco Nones sont tous là. Les sportifs et l’exposition témoignent de l’ambiance des jeux et de l’optimisme général qui régnait à l’époque, tournée « vers l’avenir », un moment où on pensait que « demain serait meilleur » en dépit du fait comme l’a rappelé justement Jean-Claude Killy que « trois mois après, c’était mai 68 ». La simplicité de l’évènement, pourtant mondial et ponctué de la présence de célébrités, a également été rapportée à plusieurs reprises, ainsi que celle « des gens » comme à tenu à souligner à sa façon, Marielle Goitschel : « J’ai aimé le public ». Et Jean-Claude Killy de préciser : « On n’a jamais su qu’il y avait des célébrités du monde entier. On l’a découvert avec le film de Lelouch ».
Comme pour renforcer le coté amateur des jeux, à l’image des objets présentés dans l’exposition, Alain Calmat raconte sa course avec la flamme olympique, moment fort restitué dans le film 13 jours en France du jeune réalisateur de l’époque : Claude Lelouch. Les images de cette montée vertigineuse sont retransmises sur grand écran dès l’entrée du musée. La montée est impressionnante et loin des conditions de sécurité d’aujourd’hui s’amusera à rappeler un invité. Le sportif explique qu’au moment d’enflammer la vasque, il s’est « retourné et là, c’était le silence total, il y avait le soleil couchant, j’ai pris 7 minutes pour moi (…) et elles n’étaient que pour moi. »
« Aujourd’hui, aucun skieur ne saurait skier avec (les skis de l’époque) ! »
Franco Nones, « l’italien inconnu » raconte également son exploit des 30 kms parcourus en ski de fond. Pour la première fois, il dépasse les Scandinaves, gagnants habituels de l’épreuve. Jean-Claude Killy appuie : « Personne ne pouvait croire ça, c’était Franco Nones (qui avait gagné), un extraterrestre. C’est toujours très proche » avant d’illustrer « la solidarité et la générosité de l’équipe de France », (très soudée).
Un tournant pour Grenoble en termes d’aménagement du territoire
Grenoble connait une transformation radicale tant au niveau urbain qu’architectural : Maison de la culture, nouvel Hôtel de ville, nouvel hôpital, nouvelle gare. « Treize passages à niveau » quadrillaient alors Grenoble rappelle Marielle Goitschel pour montrer le développement soudain de la ville. Les grands boulevards sont percés, les casernes et emprises militaires sont déplacées. La Bastille est entièrement aménagée en parc : 200 hectares de verdure en plus. Des cités d’habitation à bon marché sont construites : apparaissent les quartiers Capuche, Abbaye et … le Village Olympique.
A déambuler dans le Musée Dauphinois, toute une époque est restituée. Cela constitue une excellente raison d’y aller si, en outre, la curiosité du commentaire de Marielle Goitschel ne vous y pousse pas : « Vous verrez dans l’exposition les skis de l’époque. Aujourd’hui, aucun skieur ne saurait skier avec ! »
Détails de l’expo : http://www.musee-dauphinois.fr/3860-grenoble-1968.htm
Les éditions Glénat ont également sorti un ouvrage : Grenoble 1968, les jeux olympiques qui ont changé l’Isère