Jeudi 13 septembre le gouvernement a dévoilé un plan pauvreté qui entend « fonder l’État providence du XXIe siècle ». Budget prévu : 8 Milliards d’euros sur quatre ans. Ce plan est loin de faire l’unanimité. Qu’en pensent les acteurs de solidarité ?
Le plan pauvreté présenté par le gouvernement se concentre autours de quatre axes :
L’action pour la petite enfance :
- Formation de 600 000 professionnels de la petite enfance
- « Bonus mixité sociale » : aide pour les crèches accueillant des enfants défavorisés
- Garde individuelle prise en charge par la CAF
- Subventionnement à 90 % de l’ouverture de nouvelles crèches dans les quartiers populaires
- 300 crèches en insertion professionnelle d’ici 2020 + ouverture de 300 centres sociaux
- Petit déjeuner dans les écoles primaires de ZEP pour les enfants défavorisés
- Tarifs sociaux des cantines généralisés avec un plafond à 1€ le repas (200 000 à 300 000 enfants concernés sur les 3 millions d’enfants considérées comme pauvres)
L’accompagnement des jeunes et des bénéficiaires du RSA vers l’emploi :
- Développement de la garantie jeune : augmentation du nombre de bénéficiaires
- Obligation de se former jusqu’à 18 ans
- Revalorisation de la prime d’activité
- Accompagnement vers l’emploi des allocataire des minimum sociaux et mise en place d’une « garantie d’activité »
La simplification du système social :
- Mise en place d’un revenu universel d’activité
- Fusion de la CMU et de l’ACS (aide au paiement d’une complémentaire santé) 500M d’€
Le logement :
- 271M d’€ de plus pour l’hébergement d’urgence et résorber les bidonvilles
Retrouvez le détail des annonces sur le site du gouvernement.
Quelles réactions ?
Globalement, les acteurs de la lutte contre la pauvreté saluent les ambitions du plan du gouvernement mais émettent de nombreuses réserves quant aux moyens déployés pour le mettre en œuvre. Dans un communiqué l’association ATD Quart Monde « salue l’engagement du Président […] mais s’interroge cependant sur les moyens humains et financiers qui seront alloués à la lutte contre la pauvreté, sachant qu’une part significative des 8 milliards annoncés correspondent à un simple redéploiement de budget. »
Pour Vanessa Brossard, chargée de mission à la Fondation Abbé Pierre Rhône-Alpes, « c’est un plan ambitieux mais il va falloir attendre de voir concrètement ce qui va se mettre en place, car les moyens annoncés ne sont pas suffisants et surtout, ne viennent pas compenser les mesures défavorables au plus démunis qui ont déjà été prises et cela ne résorbera pas le déséquilibre dans la société. » D’autre part, elle relève que ce plan « met beaucoup de moyens envers ceux qui travaillent mais il n’intervient pas sur le montant des prestations. Or, dans le contexte qui est le nôtre au regard du marché de l’emploi, ces mesures vont être inopérantes pour une grande partie des personnes concernées. Et le quotidien de ces gens risque de ne pas s’améliorer. »
Matthieu Angotti, directeur du CCAS de Grenoble : « Au final le plan pauvreté est globalement un jeu de passe-passe budgétaire, accompagné d’une liste d’engagements potentiels. Rien de tangible, rien de nature à changer la vie des gens à ce jour. En espérant qu’il en soit autrement demain. »
Pour Stéphane Gemmani, conseiller régional du groupe « Socialiste & Démocrate » de la région Auvergne-Rhône-Alpes et fondateur du Samu Social de Grenoble (Vinci-Codex), ce plan pauvreté est loin d’être à la hauteur des enjeux : « Il y a beaucoup de manquements sur l’urgence sociale, en particulier l’hébergement d’urgence et les coordination des équipes de Samu Social et de maraudes. » Pour lui c’est un constat en demi-teinte : « Ce plan est assez large et chacun peut y trouver son compte mais en réalité on s’attaque de façon très futile à la pauvreté alors qu’il y a 600 000 pauvres de plus depuis dix ans. »
Un constat en demi-teinte donc, avec des acteurs de la solidarité qui attendent de voir les réalisations concrète de ce « vœu pieux ».