Le mardi 9 avril 2019, l’association Un Toit pour tous, en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre, a présenté son rapport annuel sur l’état du mal-logement en Isère à l’Auditorium du Musée de Grenoble.
Ce premier article vise à faire un constat sur l’état du mal-logement en Isère à travers les chiffres obtenus lors de la Nuit de la Solidarité du 30 janvier 2019.
Qu’est-ce que le mal-logement ?
Le mal-logement concerne : les personnes dans la rue, dans des abris de fortune, dans des hébergements transitoires, dans les accueils d’urgence et/ou hébergées chez des tiers. On estime à 4 millions le nombre de personnes mal-logées en France.
Il faut bien distinguer « hébergement » et « logement ». L’hébergement est une solution provisoire où l’hébergé ne dispose d’aucune garantie de maintien dans les lieux, contrairement au logement où le locataire dispose d’un titre d’occupation (bail ou contrat de résidence).
La Nuit de la Solidarité
Le 30 janvier 2019, plus de 600 bénévoles ont effectué une maraude dans 10 communes de la métropole grenobloise (Échirolles, Eybens, Fontaine, Gières, Grenoble, La Tronche, Saint Égrève, Saint Martin d’Hères, Saint Martin le Vinoux, Seyssinet-Pariset). Sous la supervision de Grenoble Alpes Métropole et mis en œuvre par Un Toit pour Tous et son Observatoire de l’hébergement et du Logement, son but était de « faire une photographie de l’instant T » du nombre de personnes privées de domicile personnel ce soir-là afin d’orienter la politique territoriale.
1757 personnes privées de domiciles (dont 749 enfants) ont ainsi été comptabilisées dans la Métropole cette nuit-là. Un chiffre à relativiser et à considérer à minima, car il ne prend pas en compte les personnes qui avaient trouvé une solution provisoire ce soir-là (de surcroît en période hivernale), le nombre d’individus hébergés chez des tiers, les personnes en situation irrégulière qui se cachent et se rendent invisibles de peur d’être contrôlés, les nombreuses femmes qui se rendent elles aussi invisibles pour se protéger, les personnes qui dorment dans les bois ou dans leurs voitures, etc.
Parmi ces 1757 individus, on dénombrait 104 personnes sans aucune solution, 242 personnes dans des campements et des squats, 143 personnes au CHU, au CHAI (Centre Hospitalier Alpes Isère) et dans des gymnases (plan grand froid*), 439 personnes mises à l’abri pendant la période hivernale (jusqu’au 1er avril) et 829 personnes en logement d’urgence.
*Le plan « Grand Froid » est un dispositif du gouvernement qui permet de mettre à l’abri des personnes pour quelques jours seulement pendant les températures les plus froides de l’année. Il était activé au 30 janvier et déjà saturé (une cinquantaine de places dans l’agglomération grenobloise).
Le parcours « en escalier »
Pour bénéficier d’un logement durable, les personnes à la rue doivent actuellement passer par différentes étapes, parfois plusieurs fois, avant de pouvoir bénéficier d’un logement.
D’abord, l’hébergement d’urgence, géré par le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation (SIAO que l’on contacte au 115, numéro d’urgence) dont le dispositif est saturé : seulement 31 % des personnes qui appellent le 115 se font héberger par le SIAO et il s’agit majoritairement de femmes avec des enfants.
La nuit du 30 janvier 2019, 520 personnes de la métropole grenobloise ont appelé le 115 en vain.
Suite à l’hébergement d’urgence, les personnes peuvent disposer d’un hébergement d’insertion avec un suivi social soutenu où le travailleur social va évaluer la capacité des ménages à «habiter ». Seulement 21 % des demandes sont accordées.
Enfin, ces personnes pourront éventuellement bénéficier d’un logement social, sachant que seulement 25 % des demandes aboutissent (1 sur 4).
D’où vient le mal-logement ? Parmi les causes majeures : les sorties sèches d’institutions telles que l’Aide Sociale à l’Enfance, les centres de détention et les hôpitaux psychiatriques qui sont l’objet du prochain article.
Pour aller plus loin :
Rapport sur l’État du mal-logement en Isère 2018-2019
www.untoitpourtous.org
www.fondation-abbe-pierre.fr