« L’habitat coopératif », tel qu’il est défini par l’urbanisme, n’est pas une façon nouvelle d’envisager l’habitat. Dans les Alpes autrefois, une maison abritait souvent plusieurs membres d’une famille. Aujourd’hui, l’habitat coopératif est le fruit d’un projet mené par un groupe habité par une envie commune de construire son habitat. Pour cela les candidats déterminent un lieu, puis définissent la façon dont le « vivre ensemble » va s’organiser par le biais d’une charte qui établit les frontières entre le collectif et l’individuel. Les motivations des candidats sont liées à des valeurs éthiques fortes : parmi celles-ci, l’aspect humain du collectif arrive en premier, suivi par la solidarité, la convivialité et le besoin de partage. Choisir son habitat dans sa globalité, et les voisins qui vont avec, correspond également à un investissement personnel important. Pour Thomas Braive, membre fondateur des « Habiles », l’habitat coopératif est « une manière particulière de se situer dans la société, avec le plaisir de partager et d’inventer quelque chose qui rend acteur de sa propre vie ». Christiane, candidate à l’habitat coopératif, rappelle que : « Ce ne sont pas seulement les conditions économiques qui portent à vivre ensemble, parce que pour les catégories sociales les plus modestes, l’acquisition d’un logement individuel est un signe de réussite ». Pour d’autres, les motivations sont guidées par une condition de vie, pour Catherine Robuchon, « La rupture de la solitude et la possibilité d’un échange humain ». Depuis douze ans, Eliane Sausse vit dans le quartier des Béalières à Meylan aux Naïfs, un habitat groupé HLM où l’intégration des nouveaux candidats se fait par les habitants. Pour elle , « le choix d’habiter aux “Naïfs” correspondait à un réel désir de vie en collectivité avec un fort sens du partage ».
Toutefois, au fil des années, sans que le collectif se soit totalement effacé, des changements sont apparus. Des positions plus individualistes ont, par époque, pris le dessus sur le collectif. La relation humaine, qui fait la force de l’habitat coopératif, est également sa faiblesse…
Pour souligner l’ampleur du phénomène que représente l’habitat coopératif, Serge Gros du Conseil d’architecture d’urbanisme et d’environnement (CAUE) de l’Isère indique : « Il y aurait environ 200 personnes candidates à l’habitat coopératif dans l’agglomération grenobloise. » Malgré les difficultés qu’engendre la mise en place d’un projet d’habitat coopératif, il est rassurant de voir comment certains cherchent à améliorer et à investir de façon très personnelle leur habitat.