Adoma, vous connaissez ? Construit à partir du latin » ad » qui signifie vers et » domus « , la maison, cela donne » vers la maison « . Fondée en 1956 pour loger les travailleurs algériens et résorber les bidonvilles, la Sonacotral, devenue ensuite Sonacotra puis Adoma, gère 450 résidences dont 12 en Isère.
Dans l’agglomération grenobloise, 1/3 de son patrimoine va être renouvelé : un exemple concret de cette politique est la destruction d’un foyer et la construction d’une résidence, qui a pour ambition d’offrir plus d’autonomie aux locataires, dans le secteur Beauvert à Grenoble. Et afin de mieux intégrer le projet au quartier et donc de ne plus rencontrer l’hostilité des riverains, qui associent (parfois) immigration et délinquance, des projets seront montés en partenariat avec le centre communal d’action sociale (CCAS), associant les résidents et les habitants du secteur. L’idée est de faire » vivre les résidences en les intégrant au quartier » à travers, par exemple, l’exploitation de jardins, » un support au lien social mais aussi à l’insertion » ouverts aux résidents mais aussi aux habitants du quartier. Une cohabitation douce en somme.
Les foyers de travailleurs migrants sont donc progressivement transformés en résidences sociales, nouvelle appellation qui fournit à Adoma l’occasion de modifier le discours sur la population logée et d’orienter l’activité vers les familles monoparentales et les jeunes familles. Donc, il ne sera plus question d’imaginer des logements adaptés pour des travailleurs vivant de façon durable sans famille.
Pour Jean-Louis Baldos, directeur départemental, » Adoma s’adapte aux besoins et à la demande, le public cible est un public en insertion « . En même temps, il s’agit de trouver un certain » équilibre » entre la population des personnes âgées et les nouveaux » clients « , composés essentiellement de personnes isolées et de familles monoparentales. Sur les 1500 personnes logées dans l’agglomération grenobloise, 40% sont des migrants.
Une soixantaine de logements sont occupés par des demandeurs d’asile. Et depuis 3 ans, Adoma gère 16 aires d’accueil des gens du voyage. Mais les changements récents, nomination d’un nouveau directeur général en décembre dernier, préoccupent une partie du personnel qui craint que le bailleur social ne change de stratégie en s’ouvrant à de nouvelles clientèles, les jeunes actifs notamment, et abandonne certaines des missions de la société (l’accueil des gens du voyage, la gestion de 1 800 logements locatifs, etc.). Adoma saura-t-elle faire face pour continuer à loger les divers publics dont elle a la charge : immigrés vieillissants, demandeurs d’asile, femmes isolées avec enfants, personnes en rupture d’hébergement ? La nouvelle gouvernance arrivera-t-elle à apaiser toutes ces tensions malgré cette nouvelle politique ?
Un livre :
» Loger les immigrés -La Sonacotra 1956-2006 «
Marc Bernardot
Editions du Croquant