« L’idée de départ était de transformer le temps d’une soirée un théâtre de quartier en cinéma de quartier. C’était pour faire revivre ces cinémas qui existaient encore au début des années 80, où ce n’était pas un scandale si les gens parlaient, riaient trop fort, applaudissaient, criaient…
C’est dans les coulisses du 145, autour d’un café, que Jean Guillaud me décrit ces soirées. « La participation étant libre, les gens mettent ce qu’ils veulent, d’une petite poignée de pièces rouges à des billets pour les gens plus fortunés, du coup on a un public qui est très mélangé. »
Deux films sont projetés, raretés de la série B ou d’un sous-genre particulier, mais c’est aussi un spectacle. Par exemple pour la soirée terreur « On avait accroché des morceaux de viande qui pendaient dans le théâtre, c’était une ambiance de train fantôme avec un éclairage spécial, les gens qui rentraient dans la salle ne voyaient pas bien, ils se prenaient des côtelettes dans la tête » ou encore pour une soirée post-apocalyptique, accueilli par « un guerrier de la route… qui ne laisse pas rentrer les gens comme ça ». Tout est pensé jusqu’au panier de l’ouvreuse « avec des faux cocktails molotov pour la soirée voiture ou des friandises chinoises pour un film de Tsui Hark », ensuite vous aurez le droit à un court-métrage fait le jour même sans montage, avec des comédiens des Barbarins Fourchus.
La projection du film est précédée d’une présentation. « Même si c’est dit avec un ton décalé, des costumes assez ridicules, les propos sont très cinéphiliques. On leur dit vraiment des choses plutôt rares sur les comédiens, sur le réalisateur et sur le film qu’on va voir, et tout ce qui allait autour, le contexte politique lors de la sortie…»
Parce que ce ne sont pas n’importe quels films qui sont projetés, on sent chez Jean Guillaud un amour sincère du cinéma, de ses perles méconnues et de ses étrangetés. « Justement on ne tombe pas dans le nanar à proprement parler, chacun ses goûts, mais moi quand je programme un film, en mon âme et conscience c’est un film que j’aime vraiment, voire que j’adore. » Et on le croit à le voir parler avec passion de Carnival of souls, de La Dernière Maison sur la gauche, films ne cherchant pas le bon goût, l’assentiment d’un obscur grand public ou la tête des divers box-office, mais des films faits par de véritables amoureux du cinéma avec les moyens du bord et non par des gestionnaires pensant d’abord aux bénéfices que le film va faire.
Adresses utiles
145 cours Berriat – 38000 Grenoble
Tél. 04.76.49.53.39
E-mail : reservation@theatre145.com
Site internet : www.theatre145.com