Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, l’a annoncé dans un communiqué vendredi 30 aout: le revenu de solidarité active (RSA) doit être revalorisé de 2%, mesure qui concerne plus de 2 millions d’allocataires.
Cette augmentation revient concrètement à une hausse de 10 euros pour une personne seule, de 20 euros pour un couple avec deux enfants, et de 17 euros pour une mère isolée avec un enfant de moins de trois ans. Elle s’inscrit dans une hausse constante du RSA depuis 2001: 398 euros en 2001, 440 en 2007, et maintenant 492 avec la nouvelle disposition. Donc concrètement, par exemple, un bénéficiaire seul touchera désormais 493 euros contre 483 précédemment.
Cette nouvelle augmentation du RSA s’inscrit dans une politique gouvernementale bien déterminée qui porte sur le plan global de redressement du RSA (l’ambition est une augmentation du RSA de 10% d’ici 2017 dans le cadre du plan pluri-annuel contre la pauvreté: le RSA reviendrait alors à 520 euros mensuels), mais touche aussi la pertinence même de l’allocation RSA puisqu’il s’agit d’indexer au plus près le RSA sur le SMIC et sur l’inflation.
C’est pourtant cette pertinence du RSA qui soulève doutes et objections. Car si l’effort, comme tel, est certes louable, c’est pourtant la portée effective de l’aide qui est mise en doute, aussi bien au niveau de la conception politique qu’au niveau des bénéficiaires eux-mêmes. Etienne Pinte, par exemple (ancien député UMP et président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté), estime que pour que le RSA puisse remplir sa mission essentielle, il faudrait le revaloriser non pas de 10% mais de 25 %. De plus, selon l’analyse de M. Pinte, sortir véritablement les bénéficiaires du RSA de la précarité demanderait une action parallèle sur l’allocation logement et une revalorisation du plafond de la couverture maladie universelle (CMU). Au niveau des bénéficiaires, l’effort du gouvernement n’est pas palpable : seuls 5% d’entre eux trouvent l’accompagnement mieux adapté à leurs besoins.
Le RSA subit ainsi des attaques sous plusieurs fronts: le front économique d’abord, là aussi selon les analystes comme pour l’opinion publique. Sur RMC, Jean-Marc Daniel explique: «Rien ne semble fait de concret pour sortir [les bénéficiaires] de leur situation…». Du coté des internautes, on remarque: «…toutes ces aides devraient être dégressives dans le temps afin de ne pas laisser s’installer cet assistanat…». Pourtant le principe même du RSA est fondé sur le retour à l’emploi: c’est ce qui fonde la différence entre le «RSA socle» (allocation pour ceux qui n’ont aucune ressource) et «RSA activité» (allocation qui vient s’ajouter au salaire d’un chomeur qui revient à l’emploi).
C’était tout l’esprit du contrat mis en place par Martin Hirsch : que le retour à l’emploi permette un revenu plus élevé que le régime strictement allocatif. Mais cependant c’est justement le « RSA activité » qui est aujourd’hui en question : seuls 477 900 bénéficaires à l’heure actuelle alors qu’on espérait toucher 1,4 million de personnes ; 2 foyers sur 3 éligibles au « RSA activité » n’en font pas la demande, soit par manque d’information ou à cause de la complexité de procédures ; bref c’est précisément la nouveauté que présentait le RSA par rapport au RMI qui ressemble à un certain echec.
Mais le gouvernement en est pourtant conscient : on discute actuellement « l’absorbtion » du « RSA activité » dans la prime pour l’emploi (PPE), ce qui se répercuterait bien sûr sur le problème du financement du RSA, lequel lui aussi constitue un volet du problème, puisque les régions, avec l’augmentation du RSA, se voient de plus en plus étranglées financièrement, au point que l’Etat va débloquer 2,2 milliards d’euros suplémentaires pour financer la précieuse allocation. Si le « RSA activité » était supprimé, le RSA n’aurait plus sa raison d’être, si il est vrai que, comme l’écrit la Cour des comptes : « la fonction première du RSA activité est de montrer que, peu importe la durée du travail, l’emploi est toujours plus rémunérateur que l’inactivité. ». Au regard de tout ceci, il y a fort à parier, que, même avant 2017, la politique sociale et d’insertion connaîtra encore des rebondissements.