Dans une tribune parue dans le journal Les Echos, Martin Hirsch propose une alternative à l’augmentation du SMIC promise par la gauche et espérée importante par le Front de Gauche et certains syndicats. Prenant le risque de prendre tout le monde à contre-pied, l’ancien Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté propose que ce soit le RSA et non le SMIC qui soit augmenté de façon significative. Une prise de position audacieuse qui ne manque pas d’arguments : « cela permettrait de mieux cibler les bas salaires sans dégrader les comptes de l’Etat ».
Pour le créateur du RSA, la revalorisation du SMIC risque d’être minime (selon lui, elle ne devrait pas excéder 10 € supplémentaires par mois) : un bénéfice réduit qui pourrait aggraver la dépense publique, fragiliser certaines entreprises et même certains smicards qui subiraient indirectement les conséquences de ce coût réévalué et se retrouver au chômage.
Dénonçant ce risque, il préconise une augmentation sensible du RSA qui présenterait l’avantage de ne coûter rien à personne : ni aux entreprises qui ne devraient pas affronter une masse salariale plus importante, ni à l’État qui n’aura pas à aménager de nouveaux allègements pour limiter les dégâts dans les entreprises. Et ainsi, « améliorer les ressources des salariés modestes sans peser sur le coût du travail« . Le financement d’une augmentation du RSA serait de l’ordre du possible dans la mesure où « il faut rappeler que le Fonds national de solidarité active est excédentaire de plusieurs centaines de millions d’euros chaque année, justement parce que le barème est trop restrictif. »
En proposant cette mesure, Martin Hirsch s’attache à défendre les plus démunis : chômeurs de longues durée, bien sûr, mais aussi travailleurs pauvres, exerçant le plus souvent à temps partiel. Dans ce cas, il s’agit le plus souvent de femmes, élevant seules leurs enfants. Pour ces personnes, un coup de pouce au RSA constituerait une aide non négligeable, améliorant de façon sensible leur niveau de vie.
Cet argumentaire ne pourrait être simplement considéré comme celui de l’inventeur d’une mesure sociale défendant courageusement une allocation qu’il a été capable de créer envers et contre tous. En effet, un article de Denis Clerc, publié sur le site d’Alternatives Economiques promeut également cette idée, pronostiquant la hausse très faible du SMIC sans réelle influence sur le niveau de vie des plus pauvres, et lui préférant une vraie revalorisation du RSA plus pertinente et plus juste.
Le débat est donc ouvert. Mais il semble déjà que les embûches ne manquent pas pour que soit pris en compte la légitimité de ces points de vue : entre une promesse électorale autant symbolique qu’attendue, et une méconnaissance du RSA, étiqueté comme une allocation d’assistés volontaires (comme en témoignent ci-dessous les extraits de commentaires récupérés sur lefigaro.fr, suite à la diffusion de cette proposition de Martin Hirsch), évoquer ce choix semble mission impossible. Une bonne solution… qui arrive trop tard ?