Bande dessinée inspirée de l’histoire de son auteur, qui a reçu le prix Medicis 2010, Sukkwan Island nous plonge dans un univers en noir et blanc sauvage et sombre, intemporel et mystérieux.
Amerrissage sur une île isolée, au milieu d’une relation père-fils, d’un divorce. Le contexte nous est présenté au travers de graphismes simples et puissants qui entraînent une dynamique rythmée, absorbante, dans des mouvements violents, des émotions intenses. Des textes courts ajoutent de la substance au décor, des dialogues denses appuient l’intensité des échanges.
Une ambiance intime
Sans pudeur, les confessions se livrent, les souffrances s’expriment, les comptes se règlent au travers d’ une éducation autoritaire et d’un apprentissage primitif. Un père qui se remet en question, cherche à récupérer sa femme. Un enfant qui cherche sa place d’ homme dans ce conflit, en proie à un environnement de plus en plus agressif.
Deux personnages en sursis, en survie, en danger. Leur fragilité se révèle progressivement dans un scénario stimulé par des événements ponctuels. Ours, armes et accidents nous font lentement glisser dans la folie, les extrêmes d’une situation glauque qui vire à l’horreur, au cauchemar, à la destruction.
Une lecture rapide, accessible
La réalité nous rattrape finalement sur fond d’un ton dramatique, ironique et poétique. Support, porte ouverte à des réflexion sur notre interdépendance, la place de l’homme dans un couple, le poids de sa culpabilité, les conséquences de ses fuites…
Une version BD efficace tirée du roman de Fabrice Collin, d’un scénario pour le moins particulier qui se distingue par sa gravité et ses inattendus. Une pointe de couleur, de positivité auraient pu nous apporter un peu d’espoir. Âmes sensibles, s’abstenir.
Sukkwan Island
de Ugo Bienvenu
Préface de Fabrice Collin
Édition Denoël Graphic
219 pages 22,90 €