C’est un paradoxe qu’il convient de souligner : que François Hollande réussisse ou non à valider son objectif d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année 2013, l’opposition lui tirera dessus à boulets rouges.
Si cette promesse – d’ailleurs de moins en moins présentée comme telle, le Président préférant parler d’un « engagement » voire d’une « mobilisation », – devait aboutir à un échec, et les dernières prévisions de l’INSEE en ce domaine prêchent malheureusement pour cette hypothèse, l’UMP ne manquera pas de stigmatiser l’action du Gouvernement. Et cela avec d’autant plus de virulence dans le verbe que les élections municipales approchent et qu’il s’agit, pour chaque camp, d’afficher son identité politique et de mobiliser l’électeur.
Embauchez les tous, Dieu reconnaîtra les siens
Mais si, malgré la morosité du climat social actuel, le nombre de demandeurs d’emploi lassait entrevoir une embellie à l’approche de 2014, les responsables de l’opposition ont d’ores et déjà préparé leur argumentaire. Au cours d’une conférence de presse largement relayée, Jean-François Copé affirme redouter « un plan caché qui consisterait, de manière artificielle, à faire baisser les statistiques du chômage en multipliant les contrats aidés dans le secteur public. »
Quant à François Fillon, il souscrit sans réserve aux arguments de son rival au sein de l’UMP en déclarant au Figaro que le Président compte user d’un « artifice » : « une utilisation massive des contrats aidés ».
François Hollande leur a pratiquement donné raison en annonçant le 20 juin, devant les partenaires sociaux, énormément miser sur les contrats aidés : il espère ainsi atteindre 440.000 signatures d’ici la fin de l’année, couplées avec la mise en place de 100.000 emplois d’avenir. Il est également prévu de permettre l’accession à ces contrats d’avenir aux jeunes qualifiés, qui n’étaient jusqu’ici pas concernés par cette mesure.
Reste à savoir si cette annonce relève de la « volonté » affichée par le Président, ou de « l’artifice » tant décrié par l’opposition.
Trois chômeurs, c’est un drame. Trois millions, c’est une statistique
Les éléments de langage étant ainsi établis, il ne reste plus aux chiffres qu’à arbitrer dans un sens ou dans l’autre. Mais le gouvernement sait déjà qu’en cas de succès comme d’échec, la pression des critiques ne retombera pas. Et les demandeurs d’emploi, pour leur part, ont peu de chance pour cette année 2014 d’apparaître autrement que comme une statistique aux yeux de la classe politique.