En 2014, Cultures du Cœur Isère fêtera ses dix ans. Basée à Gières, cette branche locale de l’association nationale Cultures du Cœur (qui, elle, vient de fêter sa quinzième année) permet à des publics éloignés de la culture d’assister à des spectacles, mais plus généralement de faire le premier pas vis-à-vis du monde culturel et artistique.
Un éloignement qui ne concerne pas qu’une catégorie de personnes, bien au contraire. L’association travaille autant auprès de demandeurs d’emploi, de titulaires du RSA, de demandeurs d’asile, de personnes âgées, de personnes en situation de handicap (physique ou psychique), etc.
Céline Lafond, chargée de développement de Cultures du Cœur Isère, nous le rappelle : « l’accès à la culture est un droit, un droit inscrit dans la loi ». Et pourtant, ils sont nombreux à ne pouvoir y accéder. Pour des raisons financières en premier lieu : les places de spectacle peuvent coûter cher et peser lourd dans un budget serré. C’est pourquoi l’association va au-delà des politiques des tarifs réduits et propose des places gratuites pour les spectacles, sous la forme d’invitation.
Le premier pas qui compte
Cependant, la question financière n’est pas la seule question qui peut retenir une personne d’aller vers la culture ou les lieux de vie culturelle. Loin de là même, puisque nombre d’activités ou de spectacles culturels sont accessibles gratuitement en Isère. « Le plus grand pas, nous dit Céline Lafond, c’est de dire : vous y êtes autorisés ! » Beaucoup de personnes ne se jugent pas légitimes au sein des salles de spectacle. Elles ont peur de pénétrer dans des lieux qui ne leur semblent pas à leur portée.
Le but de l’association est donc de convaincre ces personnes que la culture existe pour tous, de les aider à franchir les portes de ces lieux, de les désacraliser et de donner du sens à la démarche artistique. C’est pourquoi Cultures du Cœur Isère organise des visites de lieux culturels, et privilégie les spectacles qui offrent la possibilité de rencontrer les artistes, avant ou après la représentation. Ainsi, une visite à la MC2 organisée en 2012 a été un grand succès et a permis à certains de découvrir le lieu et de mettre fin à l’appréhension qu’il pouvait susciter.
A moyen ou long terme, c’est l’autonomisation des personnes qui est donc recherchée. Les aider à faire le premier pas, puis leur permettre de continuer à mener leur propre vie culturelle, d’aller d’elles-mêmes vers d’autres spectacles, d’autres horizons artistiques.
Partenaires particuliers
Cultures du Cœur n’est pas en relation directe avec les utilisateurs : son objectif est de faire la passerelle entre partenaires sociaux d’une part, et partenaires culturels de l’autre.
Les partenaires sociaux sont nombreux : il peut s’agir d’associations vouées au social telles que le Secours Catholique ou Emmaüs (pour ne citer que ces deux-là) comme des structures institutionnelles, les centres sociaux ou le CCAS. L’utilisateur est invité à se tourner vers ces établissements lorsqu’il désire obtenir une place pour un spectacle proposé sur le site de l’association.
Les partenaires culturels ne sont pas moins nombreux : qu’il s’agisse de salles de spectacles de taille importante ou plus confidentielles (depuis la MC2 en passant par l’Heure Bleue jusqu’à la Basse-Cour), de compagnies de théâtre (par exemple la Comédie du Dauphiné, créée par Serge Papagalli) ou plusieurs festivals. Ainsi, un événement aussi prestigieux que Jazz à Vienne proposait cette année le chiffre non négligeable de cinquante-six invitations !
Mécènes du Cœur ?
La question la plus difficile pour Cultures du Cœur reste évidemment le financement de l’association elle-même. Les subventions sont rares et les obtenir constitue un véritable parcours du combattant. « On ne peut pas passer nos journées à remplir des dossiers de demande de subventions au détriment de l’activité de l’association », nous explique la chargée de développement, qui insiste toutefois sur l’aide financière apportée par le Conseil général, ou l’investissement de la mairie de Gières qui met gratuitement des locaux à disposition de la structure. L’association est également à la recherche constante de bénévoles, leur manque se faisant quelquefois cruellement sentir.
Ces difficultés d’ordre pratique n’empêchent pas Cultures du Coeur d’avoir des projets pour l’avenir. Prochain objectif ? Créer des collectifs « d’utilisacteurs » qui pourraient à terme devenir des animateurs pour des permanences au sein des réseaux sociaux. L’occasion de présenter les spectacles mais aussi, et surtout, de débattre sur ceux qui ont été vus, et permettre à chacun de faire entendre sa voix.
Il reste donc encore beaucoup de choses à faire et à imaginer pour cette association qui œuvre au bien-être à travers l’art et la culture, et offre ainsi à des personnes l’occasion de sortir d’un spectacle, comme nous le dit Céline Lafond, « des étoiles plein les yeux ».