Départ pour l’itinérance

 « Je voyageais en cherchant un sens à ma vie, et ça avait marché. J’avais trouvé un sens à ma vie : j’allais voyager.»  La bande dessinée Touriste est l‘adaptation du roman éponyme de julien Blanc-Gras, récit qui nous avait déjà embarqués.

Définition du mot touriste : amateur, personne qui s’intéresse aux choses avec curiosité mais d’une manière superficielle.

Il y a un peu de cela dans Touriste, un brin de voyage en dilettante : une destination choisie en jetant un caillou sur une carte, le rituel de l’ivresse quand l’auteur, Julien Blanc-Gras, découvre une nouvelle ville. «Il faut se saouler, puis se perdre, quand on débarque dans une ville pour la première fois. »

C’est l’ histoire d’une errance choisie, d’une balade autour du globe là-bas, vers l’ailleurs. Un ailleurs aux milles facettes : du désert marocain aux favelas brésiliennes en passant par l’ashram indien…

Et l’auteur de conter les anecdotes de voyage, taquinant le touriste : « Je vais pisser aux étoiles et le chant stellaire est légèrement troublé par le loup, le renard et la belette entonné à gorge déployée par un groupe de touristes » et se moquant de lui-même, de ce statut de gringo qui vous colle à la peau.

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Un statut que les agences locales contournent et exploitent, comme cette agence brésilienne « Don’t be a gringo » qui propose un Favelas Tours à la rencontre des vraies gens…Le vacancier vient s’émoustiller et se faire peur au contact du miséreux local tellement « authentique ».

Il y a de l’ironie dans Touriste, mais une ironie tendre qui épingle avec humour les travers du voyageur intermittent. Les images viennent croquer ces tranches de vie, couleurs pastelles et chaudes… La nonchalance du héros transparaît jusqu’au trait de crayon. Mademoiselle Caroline dessine avec simplicité et l’essentiel y est.

Des paysages aux lignes ondulantes, une harmonie des images…Le temps semble s’arrêter au détour de la vision d’un désert et quand l’illustratrice nous fait rentrer dans les villes, c’est dans une effervescence tranquille, avec cette légèreté qui enrobe le récit.

C’est l’histoire d’une pulsion récurrente, celle d’échapper à la vie « normale », à la routine du quotidien qui étouffe et qui pousse Julien Blanc-Gras à sauter dans le premier avion qui passe pour goûter aux plaisirs de la nature sauvage du Mozambique : ses scorpions facétieux qui se glissent dans le sac de couchage tandis que les mouches vous harcèlent jusqu’au coin pipi.

Les péripéties s’enchaînent et quand vient la fin de l’histoire, on voudrait que l’écrivain baroudeur nous conte encore un peu ses mésaventures croustillantes, un auteur qu’on suivrait sans problème jusqu’au bout du monde…

 

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Julien Blanc-Gras / Mademoiselle Caroline
Editions Delcourt / Collection Mirages
208 pages, 23,95€