La grande cause nationale 2013, décrétée par le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, est l’illettrisme. Aujourd’hui en France, ce sont 2,5 millions de personnes qui sont illettrés soit 7% de la population. Ce sont des personnes qui ont des difficultés à lire, écrire et compter. Ce manque de maîtrise des savoirs de base entraîne de nombreux obstacles au quotidien : comprendre une consigne de travail ou une notice de médicament, aider les enfants dans leurs devoirs et écrire un mot aux professeurs, prendre de l’argent à un distributeur, écrire une liste de courses…
Qu’est-ce qu’être illettré ?
L’illettrisme est à différencier de l’analphabétisme. Une personne analphabète ne sait ni lire, ni écrire, et ne l’a pas appris. L’illettrisme est le manque de maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire et compter) mais ce sont des personnes qui ont été scolarisées. Ne sont comptées comme « illettrées » que les personnes entre 18 et 65 ans.
Le mot « illettrisme » a été créé en 1981 par Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, afin de dissocier ceux qui ne savent ni lire, ni écrire, par manque de scolarisation et ceux qui sont dans le même cas mais pour avoir « échoué » dans les écoles françaises.
Contre les idées reçues
L’illettrisme ne touche pas essentiellement les jeunes ! Plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme a plus de 45 ans. 9% ont entre 18 et 25 ans, 30% entre 56 et 65 ans.
Les femmes ne sont pas plus nombreuses à être illettrées ! 60% des personnes en situation d’illettrisme sont des hommes.
On n’est pas plus illettré à la campagne ! La moitié des personnes en situation d’illettrisme vit dans des zones faiblement peuplées, la moitié vit en zone urbaine. On compte 10% des illettrés dans les ZUS (zone urbaine sensible).
On peut être illettré et travailler ! 51% des personnes en situation d’illettrisme ont un emploi. Seuls 10% sont au chômage. Mais l’illettrisme concerne 20% des bénéficiaires du RSA.
La lutte contre l’illettrisme
Le point commun de l’ensemble des personnes en situation d’illettrisme est qu’elles cachent leur handicap et élaborent des stratégies afin que leur entourage personnel et professionnel ne le découvre pas. Il est donc difficile d’offrir des formations à des personnes qui ne demandent pas d’aide.
La lutte contre l’illettrisme comme grande cause nationale 2013 a pour but d’amener à une prise de conscience générale, pour que l’idée que l’on peut apprendre à tout âge devienne une évidence. Il s’agit aussi d’amplifier la mobilisation des associations et des collectifs fédérés par l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme).
A partir de mi-juin, une campagne de sensibilisation aura lieu dans les médias. Le 10 juin 2013 se tiendront les assises de l’illettrisme en Rhône-Alpes à Lyon. A Grenoble, il existe un Centre Ressources Illettrisme (CRI38) qui propose des actions sociolinguistes et des formations pour les professionnels.
La lutte contre l’illettrisme est une entreprise honorable car elle permet d’unir les gens dans une langue et une culture, de donner les mêmes chances à chacun et d’améliorer la cohésion sociale et la citoyenneté. En choisissant ce combat comme cause nationale, Jean-Marc Ayrault a affirmé le souhait de « faire en sorte que chacun puisse acquérir les compétences fondamentales nécessaires pour accéder au savoir, à la culture, à l’emploi, à la formation professionnelle, et pour participer pleinement à la vie démocratique ».
Pour plus d’informations : http://www.anlci.gouv.fr/ et http://www.cri38-iris.fr/