Depuis le 31 octobre dernier cinq lettres et cinq couleurs sont apparues sur les produits alimentaires des supermarchés. Il permet de connaître la valeur nutritionnelle des produits.
Une note par famille de produits
Nutri-score calcule la teneur en gras, sucre, sel et le niveau calorique de chaque produit pour 100 grammes. Ce score est réévalué par la teneur en protéines et en fibres. Il aboutit à l’application du logo : une lettre et une couleur. A en vert, indique que le produit est « bon » pour la santé, puis vient le vert claire (lettre B), le jaune (lettre C) et l’orange (lettre D) pour indiquer que le produit est de moins en moins bon, jusqu’à la lettre E, en rouge.
Concrètement, ce sont les produits d’une même famille qui sont évalués les uns en fonction des autres. « L’évaluation du produit est relative à sa catégorie. (…) Nutri-score vise à noter sur une même échelle, plusieurs références dans une famille de produits : pizzas, biscuits, plats surgelés, yaourts. Et à distinguer les « bons » produits des « moins bons » » précise l’observatoire des aliments. Cela permet de distinguer « les biscuits les moins gras et les moins sucrés. Les confitures contenant le plus de fruits et le moins de sucres ou d’additifs. » Ce choix d’évaluer par famille de produits permet de ne pas « noter E rouge, une plaquette de beurre ou un litre d’huile, sous prétexte que son taux de lipides est phénoménale ».
Ainsi, la version classique des chips va être en orange, mais celle au fromage peut être en rouge ainsi que les tortillas au maïs en vert dans le même rayon. L’huile d’olive qui expose moins aux maladies cardiovasculaires que le beurre sera en orange. Ainsi, la méthode de calcul du score est adaptée. Les produits non transformés comme les fruits, les légumes frais ou les poissons frais ne feront pas partis du calcul du Nutri-score.
Ces indications affichées « face avant » des emballages complètent la Déclaration nutritionnelle obligatoire (affiché en corps minuscules à l’arrière du produit) et se posent comme complémentaires aux repères du PNNS (Programme Nationale Nutrition Santé), connu pour son célèbre » consommer au moins 5 fruits et légumes par jour ».
Des industriels volontaires …
L’étiquetage se réalise d’après le bon vouloir des entreprises agroalimentaires et des distributeurs. Ce point de négociation, est durement négocié par ces derniers alors que la réglementation européenne commence à se durcir (durcissement s’étalant sur 10 ans). Elle a fini par devenir facultative, l’Europe ne pouvant pas faire appliquer une disposition si elle n’est pas reconnue par l’ensemble de ses membres.
En mai 2017, trois distributeurs de marques, les entreprises Auchan, Intermarché et Leclerc, et trois industriels, Fleury Michon, Danone et Mc Cain se sont engagées à apposer ce logo sur leurs produits. Quatre d’entre eux ont même signé une charte avec le gouvernement. Les principaux groupes et marques alimentaires PepsiCo, Coca-Cola, Mars, Mondelez, Unilever et Nestlé ne semblent pas prêtes à adopter ce code.
L’idée de mentionner un logo apparaît dès 2013 dans un rapport de l’INSERM remis à la ministre de la santé de l’époque, Marisol Touraine, au sein du programme de la politique de santé publique menée en France, le PNNS. Inscrit trois ans plus tard dans la loi de modernisation de notre système de santé, le logo est conçu par l’agence nationale de santé publique – « santé publique france » – sur proposition de l’équipe de l’inserm. Ce code, simplifié, se base sur celui déjà élaboré au Royaume-Uni, le score.
13.000 produits de marque ont été étudiés par l’Inserm. Le test d’application du logo Nutriscore s’est étalonné sur dix semaines et dans une soixantaine de supermarchés en France, plutôt de petites tailles et sur des produits très ciblés. Les résultats de cette étude ont confirmé l’efficacité de la mise en place du logo, particulièrement pour un tiers des consommateurs ayant les revenus les plus faibles.
Donner du poids au choix du consommateur
Agnès Buzyn, ministre de la santé, apporte une explication et par là-même l’objectif affiché de cette campagne de nutrition, sous toile de fond de lutte contre l’obésité : « Je compte sur la pression des consommateurs, qui demandent à être informés, pour que les industriels s’engagent dans cette voie ». En effet, on compte en France 6,5 millions d’adultes obèses (plus de 14 % de la population française) et un adulte sur 3 en surpoids. Et de rajouter : « On s’est rendu compte que les industriels ont d’eux-mêmes réduit les quantités de sel et les quantités de gras, c’est une démarche vertueuse pour l’industrie agroalimentaire. »
On retrouve aujourd’hui le Nutri-score sur quelques produits Fleury Michon, au rayon frais de Monoprix, exclusivement en bio. Le logo se fait rare. » Grâce aux barèmes publics sur l’attribution des points, les industriels auront les cartes en main pour modifier leur recette et passer à la catégorie supérieure. Du rouge à l’orange foncé, à l’orange clair, et ainsi de suite » précise la ministre. Le système repose donc avant tout sur un modèle d’incitation, voué à prendre de l’ampleur, dont les consommateurs sont au final les décisionnaires. Rassurons-nous !