Grenoble Ecobiz, réseau d’entreprises en Isère, organisait mardi 17 juin à la CCI de Grenoble une rencontre sur le thème « Et si on pariait sur les seniors ? ». Autour d’une conférence de Marc Raynaud, le public était convié à reconsidérer la question de l’emploi des seniors, et à reconnaître qu’ils peuvent être un atout pour l’entreprise.
La question de l’emploi des seniors (+ de 45 ans) est une question d’actualité, dans la mesure où cette tranche d’âge est gravement touchée par le chômage. Indiscutablement, l’âge est un frein pour le retour à l’emploi. On s’imagine facilement qu’après quarante cinq ans, on est vieux et fatigué, et qu’ on est moins dynamique et productif qu’un « junior ». Le propos de Marc Raynaud (sur la photo) est de montrer que si l’âge est un critère discriminant, c’est seulement parce que l’on en a une représentation négative, alors qu’au contraire les salariés expérimentés peuvent apporter un plus dans l’entreprise.
Pour agir efficacement contre la pénalisation des plus agés, il faut, selon M. Raynaud, agir au niveau des « DRH » (directeurs des ressources humaines). En effet le propre du senior étant l’ancienneté, et donc l’expérience, il faut, à l’inverse de la pénalisation, valoriser l’employé et son savoir-faire.
Il faut montrer le « plus » que les anciens peuvent apporter à l’entreprise. Au niveau, par exemple, des compétences. Il y a un bon nombre d’entreprises qui peinent à trouver de la main d’oeuvre compétente dans certains domaines et le recours aux seniors peut être une solution au problème. Ce qu’il faut donc changer, c’est la configuration du profil de recrutement. Il ne faut plus que l’âge soit un critère sélectif qui fait de l’ombre à la compétence.
Outre la question du dynamisme, le problème est également de gérer une équipe « multi-générationnelle ». Les difficultés rencontrées sont souvent relatives à la hiérarchie : les plus âgés peuvent être réticents à être dirigés par un plus jeune, ils peuvent aussi, en raison de leur âge, maîtriser moins bien les nouvelles technologies, ou encore vivre difficilement de gagner moins qu’un plus jeune. On craint, pour toutes ces raisons, que les seniors affectent la dynamique et la qualité du travail d’équipe.
A toutes ces questions, Marc Raynaud répond par des propositions concrètes. Il suggère de changer l’organisation et la manière de travailler. Il y a un bénéfice à faire collaborer juniors et seniors, au niveau d’une transmission réciproque de compétences. Les plus anciens peuvent transmettre leurs expériences et leur savoir faire, tandis que les jeunes peuvent apporter, par exemple dans le domaine de la maîtrise des nouvelles technologies, leur savoir aux plus âgés.
Marc Raynaud résume : « Il doit y avoir un changement de représentations des seniors pour mieux les utiliser. Pour changer la donne il y a un travail de longue haleine à faire, puisque l’âge est le premier facteur de discrimination à l’embauche. Changer la représentation des seniors, c’est considérer que les seniors sont les gens qui ont le plus d’expérience, le plus de compétences, sont les plus utiles à la société, alors que depuis 40 ans on ne cesse de leur dire qu’il faut laisser la place aux jeunes. Il y a un long travail de changement de mentalité, qui, à mon avis, nécessite une politique gouvernementale. ».
Il faut donc saluer l’initiative de Marc Raynaud, président de l’observatoire du management intergénérationnel, qui montre qu’avec de la volonté et l’abandon de certains préjugés, tout le monde peut trouver sa place dans le monde du travail.
Les vidéos diffusées lors de la conférence de Marc Raynaud à la CCI ont été réalisées par Le Bon Plan