La place des femmes dans la société active ne cesse de croître et d’évoluer. Un nouvel exemple nous est fourni par l’INSEE, qui vient de publier les résultats d’une étude réalisée en 2011 et qui concerne les « femmes au foyer ».
Par ce terme, on désigne les femmes âgées de 18 à 59 ans qui vivent au sein d’un couple et ne sont ni étudiantes, ni en emploi ou en demande d’emploi. Elles sont aujourd’hui 2,1 millions, représentant ainsi 14 % des femmes non-étudiantes âgées entre 18 et 59 ans. Ce chiffre, il y a vingt ans, était de 24 %.
Desperates housewives ?
La baisse importante de ce chiffre dépend de plusieurs facteurs. L’étude montre ainsi que les femmes travaillent plus qu’il y a vingt ans, et en particulier les femmes en couple. En 1991, 68 % des femmes en couple avaient une activité professionnelle. Elles sont aujourd’hui 81 %. — Mais d’autres éléments sociétaux sont à prendre en compte : moins de femmes vivent en couple aujourd’hui, et la monoparentalité a très fortement augmenté ces vingt dernières années.
On tend naturellement à allier le statut de femme au foyer à celui de la maternité. Bien sûr, cette idée n’est pas totalement fausse. Ainsi, les femmes au foyer sont nettement plus souvent mères de famille nombreuses que les femmes actives. Il n’en demeure pas moins que 43 % des femmes au foyer n’ont pas d’enfant, une proportion qui est loin d’être anecdotique, même si l’on prend en compte le fait que l’on ne parle ici que d’enfants de moins de 18 ans.
Les femmes au foyer ne sont donc pas toujours des personnes qui ont choisi de mettre fin à une activité professionnelle pour des raisons familiales. Si la proportion de femmes au foyer ayant déjà travaillé dans le passé n’a quasiment pas évolué depuis 20 ans (une femme au foyer sur dix), les raisons ont pour leur part bien changé. En 1991, 59 % des femmes invoquaient des raisons personnelles. Elles ne sont plus que 21 % aujourd’hui. La précarité du travail et les licenciements poussent les femmes vers une situation de moins en moins choisie.
L’avenir de l’« home »
Le fait que les femmes au foyer soient beaucoup plus diplômés qu’il y a vingt ans va également dans ce sens. Environ 37 % des femmes au foyer n’ont aucun diplôme ou formation (contre 58 % en 1991). On peut en déduire que la plupart des femmes au foyer ne se destinaient pas initialement à cette situation et suivaient une scolarité en vue d’occuper un emploi.
Un élément central, quoique peu quantifiable, à prendre en compte serait sans doute le fait que les femmes parlent aujourd’hui plus librement de leur situation et n’hésite plus à exprimer un éventuel mécontentement. Mais on ne doit pas ignorer pour autant que cette étude met en valeur une autre tendance nette : les schémas familiaux traditionnels, où le rôle de la femme était avant tout dévolu à l’entretien de la maison et à l’éducation des enfants, ne cessent de reculer au profit d’une indépendance professionnelle et maritale de plus en plus désirée et revendiquée.
Des désirs et des revendications que notre société aurait tout intérêt à prendre en compte afin d’évoluer, si possible, au même rythme que ceux (et surtout celles) qui la composent !