Depuis le 9 mars et jusqu’au 9 juin 2013 se tient l’exposition Alberto Giacometti. espace, tête, figure au musée de Grenoble. Giacometti (1901-1966) est un artiste suisse principalement connu pour ses sculptures en bronze rugueux de femmes étirées verticalement, comme le montrent les multiples affichages dans les rues de la ville. Cette exposition, habilement construite, invite le visiteur à entrer dans l’univers captivant de l’artiste.
La Cage au centre de l’exposition de Grenoble
La Cage, 1950. Bronze peint, 175.6 x 37 x 39.6cm
Collection musée de Grenoble
© Succession Alberto Giacometti
(Fondation Alberto et Annette Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2013
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Giacometti est exposé régulièrement dans le monde : l’année dernière une rétrospective itinérante avait eu lieu en Amérique du Sud et plus anciennement ses oeuvres ont pu être vues en Espagne, en Suisse, à Abu Dhabi ou encore à Caen.
La raison et la structure de cette exposition à Grenoble s’incarnent dans une sculpture : La Cage. Il s’agit de la première oeuvre de Giacometti acquise par un musée français et c’est le directeur du musée de Grenoble de l’époque, Jean Leymarie, qui en fit l’acquisition en 1952. La sculpture intitulée La Cage réunit dans le même espace, présenté à hauteur des yeux et circonscrit par une cage, un nu féminin debout et un buste masculin. Cette oeuvre est le fil rouge de l’exposition créée par Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble et Véronique Wiesinger directrice de la fondation Alberto et Annette Giacometti. La déambulation dans le musée autour des quelques 70 oeuvres de l’artiste (sculptures, peintures, oeuvres graphiques et photographiques) est organisée en 11 salles thématiques : les quatre premiers thèmes amènent à la compréhension de l’élaboration de La Cage, la cinquième salle montre cette oeuvre et les six suivantes permettent de suivre le cheminement des questions soulevées par La Cage dans les autres travaux de Giacometti.
Le rapport à l’espace
Un des questionnements essentiels soulevés par l’artiste est le rapport à l’espace. Les « cages » sont un moyen de délimiter l’oeuvre, de poser ce qui est à voir, comme le cadre pour un tableau. Mais, dans la salle 2, avec Le Nez (1947) qui dépasse de la cage, Giacometti montre qu’il sait aussi jouer de ces limites spatiales et faire exister simultanément l’espace de l’artiste et l’espace du spectateur. Il y a aussi la question des socles et des hauteurs. L’exposition met en parallèle différentes oeuvres qui permettent d’appréhender concrètement cette question. Dans la huitième salle, deux oeuvres présentant quatre femmes sont juxtaposées. Ces deux oeuvres présentent la même chose mais la différence de taille des femmes et un socle ou piédestal différent permettent de sentir la modification de notre perception selon les échelles. Il en va de même dans la salle 10 où six sculptures de femmes debouts sont présentées, leur taille allant de 10 cm à 1,70 m.
La figure humaine
Un autre questionnement posé par Giacometti est celui de la figure humaine. La représentation de celle-ci dépend de l’échelle et du cadre comme évoqué précédemment mais aussi du contexte historique dans lequel vivait l’artiste. Il a produit ces sculptures dans la période de l’après-guerre, quand les artistes cherchaient à redéfinir l’humain après l’horreur des deux guerres mondiales. Les figures de Giacometti peuvent parfois paraître austères ou tragiques, comme les différents tableaux de « Têtes noires » ou le dessin Les Pieds dans le plat où un écorché squelettique est en déséquilibre sur un disque. Mais ses oeuvres ont aussi un côté humaniste par l’expression des visages, les touches de couleurs ajoutées aux sculptures et ces femmes filiformes étirées vers le ciel telles des créatures divines. L’humanité est complexe et Giacometti, par son art, nous montre à la fois les mutations perpétuelles et le caractère universel de l’humain.
Le musée de Grenoble expose de manière claire et instructive la grande créativité de Giacometti. La meilleure matérialisation de cette créativité est peut-être l’oeuvre intitulée La Forêt (1950) où un buste masculin est posé dans une « forêt » de sept femmes verticales. Les interprétations de cette sculpture sont multiples mais il y aurait là à la fois un parallèle avec les paysages suisses et une représentation de l’atelier de l’artiste avec celui-ci au milieu de ses oeuvres. Une citation de l’artiste figure sur le mur de l’entrée : « La sculpture n’est pas, pour moi, un bel objet mais un moyen pour tâcher de comprendre mieux ce que je vois. »
La dernière sculpture de l’exposition, Grande Tête (1958) résume bien la sensation du visiteur découvrant la représentation du monde selon Giacometti : les yeux étonnés et l’esquisse d’un sourire.
Musée de Grenoble
5, place Lavalette, 38000 Grenoble
Téléphone : 04 76 63 44 44
Horaires : tous les jours sauf le mardi, de 10 h 00 à 18 h 30 (sauf le 1er mai)
Tarifs d’entrée (pendant l’exposition de mars à juin)
Plein tarif (exposition et collections) : 8 €
Accès aux collections ou aux ateliers : 5 €
Gratuité* pour les jeunes de moins de 26 ans, chômeurs/bénéficiaires de minima sociaux, handicapés et pour tous, le premier dimanche du mois
*sur présentation d’un justificatif de moins de trois mois
Visites guidées (Réservation : 04 76 63 44 44)
Chaque samedi et dimanche (sauf le premier dimanche du mois) à 14h30
Pendant les vacances de printemps, du 22 avril au 3 mai, à 10h30 et 15h
Tarif : 3€ auxquels s’ajoute le prix d’entrée au musée
Atelier-dessin pour tous (Réservation : 04 76 63 44 44)
Chaque samedi et dimanche de 12h30 à 14h (sauf le premier dimanche du mois). Cet atelier de dessin offre l’occasion rare d’observer les œuvres en salle et de découvrir différentes techniques graphiques. A partir de 12 ans, adolescents, adultes.
Ateliers pour les enfants (Réservation : 04 76 63 44 44)
> Le mercredi, de 14h30 à 16h30 pour les enfants de 6 à 7 ans et de 8 à 11 ans (selon calendrier)
> Pendant les vacances de printemps, du lundi 22 au vendredi 26 avril de 10h à 12h pour les 6/7 ans, de 14h30 à 16h30 pour les 8/11 ans