« Ils n’ont que ça à faire ! » Sous forme de boutade, le maire de Luçon (Vendée) a mis en relief le mépris certain dont les demandeurs d’emploi sont de plus en plus victimes.
Un élu du populisme
L’élu a beau avoir présenté ses excuses, en essayant de faire porter le chapeau à « la mauvaise foi de l’opposition », les propos du maire UMP de Luçon n’en demeurent pas moins remarquables. Interpellés sur les difficultés pour accéder à l’agence Pôle Emploi de sa ville, située en périphérie de la ville et mal desservie pas les transports en commun, Daniel Gachet n’a rien trouvé de mieux à dire que : « les chômeurs n’ont qu’à marcher, ils n’ont que ça à faire… »
Certes, l’ambiance du conseil municipal est tendue. Certes, les élus de l’opposition – c’est leur rôle – refusent de lâcher le morceau et font valoir leurs arguments avec opiniâtreté. Certes, le maire fait valoir qu’il s’exprimait « avec dérision ». Mais lorsque les petites phrases, sinon les « petites blagues » des autorités politiques nationales sont scrutées par leurs opposants, pourquoi devrait-on faire preuve de plus d’indulgence vis-à-vis de celles des élus dits « de terrain » ?
Qu’un maire vendéen puisse balayer d’une pirouette une question aussi importante que l’accès aux services publics de sa municipalité en dit long sur l’idée que certains se font de leur rôle d’élu. Nous savons que les maires sont tout autant concernés que leurs concitoyens par les chiffres du chômage, et que la baisse de ces chiffres dépendent bien peu de leur volonté ou de leur responsabilité. Mais la dérision est-elle vraiment une réponse adaptée aux préoccupations ou aux inquiétudes légitimes ?
« Ils n’ont que ça à faire » nous dit le maire
(à partir de la douzième minute)
Tout marche, rien ne fonctionne
Quant à l’idée que les chômeurs sont avant tout des désœuvrés qui, après tout, peuvent bien prendre deux heures pour se rendre à pied à leur agence Pôle Emploi, elle fait peur lorsqu’elle émane de la bouche d’un responsable politique. Monsieur Gachet trouve probablement que le traitement du chômage – et du chômeur – n’est pas assez punitif pour désirer ainsi en rajouter.
Et, tout comme Marie-Antoinette conseillait aux pauvres privés de pain de manger des brioches, il recommande aux demandeurs d’emploi de s’armer de patience et d’une bonne paire de chaussures. Avant de présenter des excuses, dont on se demande si elles auraient été prononcées si les propos du maire de Luçon n’avaient pas été filmés et provoqué un certain remous dans le paysage national.
Une chose à espérer ? Que ce début de polémique oblige les élus de Luçon à se pencher sérieusement sur la question qui en est à l’origine. Et prennent un peu plus en considération le besoin naturel d’un demandeur d’emploi de pouvoir se rendre aisément dans les locaux de l’administration dont il dépend, et qui est censée lui prodiguer un service… de proximité.