« S’engager, c’est une preuve de bonne santé morale et intellectuelle » c’est la devise d’Hélène Azincourt, présidente de la Croix-Rouge de Grenoble Vercors Grésivaudan. Venue au caritatif presque par hasard, son engagement est intact.
« J’ai beaucoup reçu donc je donne »
Hélène est une dame d’une soixantaine d’années, simple, très posée qui vous accueille avec son sourire spontané, sa voix chaleureuse et son regard expressif et bienveillant. Elle est à l’aise dans la communication et surtout à l’écoute de son entourage. Issue d’une famille catholique de dix enfants (deux garçons et huit filles), elle a eu une enfance heureuse avec une mère qui tenait un commerce avant d’être femme au foyer et un père dans la marine marchande. Elle apprend dans sa tendre enfance le partage, l’entraide et la solidarité.
Quand sa mère décide de rejoindre la Métropole, son père arrête de naviguer pour rester auprès de sa famille. Ses parents lisent beaucoup et toute la famille a un amour pour la lecture. Elle lit aussi bien les romans anglais du 18ème siècle que la science-fiction telle qu’Asimov. L’adolescente des années 70 est curieuse, un peu rebelle mais pas trop, et ne s’est jamais heurtée à ses parents. Faisant partie des trois derniers de la fratrie, elle partage beaucoup avec son frère et sa petite sœur. Ses deux frères, non élevés sur un mode machiste qui était plutôt la tendance de l’époque, ont plutôt un grand respect pour les femmes. Elle explique que : « tout découle dans la façon dont on a été éduqué. Et si on a des parents, quand la place de la femme est faible, cela donne des résultats difficiles, cela étouffe la personnalité de la femme. On n’est pas à égalité. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai beaucoup reçu donc je donne« .
Une femme normale qui a le souci des autres
Elle se marie et a une petite fille. C’est une époque très heureuse de sa vie. Des études générales – ensuite une année à l’École du Louvre – puis, un diplôme en droit du commerce en poche, elle travaille dans la région parisienne dans un tribunal de commerce en tant que greffière. Au travers de ces écrits juridiques, il y a des personnes condamnées à des interdictions de gérer, des faillites personnelles: « Elles perdaient tout, se retrouvaient sans un centime et très souvent, elles étaient proches du suicide, du mal-être. « . Cela la touche beaucoup… et lui apprend beaucoup.
Elle travaille toujours avec des femmes et aime toujours être de leur côté, principalement des maltraitées, mal payées, harcelées et a « toujours eu à cœur de résoudre ce type de problèmes que les femmes connaissent, c’est-à-dire les enfants, la garde des enfants, les séparations, les enfants malades, handicapés. » Entre temps, elle a deux autres enfants. Elle est déjà active dans sa paroisse, et aide beaucoup pour différentes manifestations.
Une mission qui lui correspond
Elle quitte Paris en 2005 pour suivre son mari qui a muté à Grenoble. Et là, elle prend conscience de façon très directe d’une certaine réalité: « il y avait énormément de SDF dehors, des demandeurs d’asile,[…], un soir en rentrant chez moi, j’ai vu des gens par terre au pied de mon immeuble, […] ce n’est pas possible et le lendemain matin, je suis venue ici rue Kleber et j’ai dit : je vais aider !« . Mais comme elle travaille à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Grenoble en tant que formaliste dans la journée, elle ne peut venir que le soir. On lui propose de devenir maraudeuse et de faire partie du SAMU social. A partir de ce moment-là, elle tourne une fois par semaine, voire deux, dans Grenoble, pendant la saison d’hiver et la saison d’été. C’est une mission qui lui correspond: « faire ce chemin et ce lien vers l’autre pour qu’il ne quitte pas la collectivité, qu’il ne devienne pas asocial, rejeté. Il n’y a que le lien qui puisse faire cela. »
Après 5 ans de maraude, en 2011, des personnes du bureau et le président de la Croix-Rouge de Grenoble Vercors Grésivaudan lui propose la mission de présidence – ce qu’elle accepte par intérim pour commencer. Devenue présidente de la Croix-Rouge de Grenoble Vercors Grésivaudan en 2012, elle fournit toute son énergie et ses efforts dans le management des 300 bénévoles et responsables cadres, ce qui « demande à chaque fois toute une synergie, une réflexion, une cohésion« . Cette fonction l’éloigne de ce qu’elle préfère : « être maraudeuse » ! Mais elle reconnait sincèrement que c’est avec plaisir qu’elle mène avec son équipe toutes les actions aussi bien locales que nationales pour défendre les plus démunis. Son objectif de réaliser une vraie mixité sociale en ouvrant une vestiboutique – Ma petite armoire – aboutit en 2014.Elle vient d’être élue pour un second mandat en janvier 2017 pour quatre ans. Avec son équipe, elle est en train de créer une épicerie sociale et solidaire – à nouveau dans un même lieu où tout le monde est mêlé sans discrimination.
« Quand je laisserai la place de présidence à quelqu’un, je retournerai à la rue à la rencontre des personnes qui vivent dehors, je redeviendrai maraudeuse » : un engagement tourné vers les autres jamais tari.