L’exposition « Le spectacle des rues et des chemins » organisée par le musée de l’Ancien Évêché, nous invite à découvrir la vie quotidienne de Grenoble et de sa proche banlieue à la fin du XIXe siècle. Préparez-vous à être surpris !
Cette invitation à apprécier 110 clichés inédits réalisés par Joseph Apprin (1890 – 1908) ne vous laissera pas indifférent.
Un travail d’amateur original
Certes, sa technique présente quelques imperfections. Néanmoins, la diversité des sujets traités, toujours saisis sur le vif de l’instant et la précision de son regard attestent de la parfaite maîtrise de sa composition graphique et de son indéniable sens créatif.
D’ailleurs, contrairement aux codes de l’époque, dominés par le flou artistique et la logique de la promotion touristique de ses contemporains, ce génial amateur s’applique à construire des prises de vue nettes et précises.
Une passion pour le quotidien
Son originalité réside surtout dans sa décision de placer l’humain au cœur de son travail. Précurseur du photo-reportage documentaire, il nous montre avec une étonnante modernité « la grande lessive », « le marché aux bestiaux », « le Carnaval de la Mi-Carême » ou « les funérailles de Monseigneur Fava ».
Quand ce photographe de talent se consacre aux portraits d’enfants, il ne les fige pas dans des poses académiques. Bien au contraire ! Il les met en scène et les invite au jeu : la magie opère. Difficile de rester insensible à ces regards plein de malice et ces sourires touchants de simplicité.
Le souhait d’immortaliser son temps
Nous découvrons aussi plusieurs instantanés des montagnes du Trièves, du Vercors, de la Chartreuse et de l’Oisans avec au premier plan les « Labours dans la plaine grenobloise », « Le chemin de halage le long de l’Isère » ou les « Le bac à Traille ». Chacun d’eux témoigne de la vitalité rurale de l’agglomération.
Les marques du progrès, l’arrivée de l’automobile, photographiée à seulement deux reprises ou les « aménagements du pont de la porte de France » semblent montrés avec méfiance. Ce nostalgique du Grenoble qui change immortalise la navigation sur l’Isère avec « un radeau de grumes (bois avec son écorce) à quai sur l’Isère » ce qui fait dire à Isabelle Lazier, conservatrice en chef du patrimoine : « Il a ce regard moderne qui ne regarde pas la modernité comme si celle-ci semblait trop le bousculer ».
À l’instar de Vivian Maier, jamais exposée et peu à peu oubliée, Joseph Apprin sort de l’anonymat avec panache. Le long et minutieux travail de tri, de localisation et de datation des 640 négatifs sur plaques issus de la collection privée du journaliste grenoblois Jean-Louis Roux nous propose un subtil voyage dans le temps.
Deux publications sont d’ores et déjà disponibles à l’accueil du musée, « le Petit journal de l’exposition » (gratuit) et « le spectacle des rues et des chemins » dont un exemplaire sera mis en jeu lors de notre concours hebdomadaire du mardi 22 décembre.
« Le spectacle des rues et des chemins.
Joseph Apprin. Photographies (1890-1908) »
Musée de l’Ancien Évêché
2 rue Très-Cloîtres, Grenoble
Du 28 novembre au 29 mai 2016