Le « Local des femmes » organise une journée portes ouvertes le mardi 12 novembre. L’occasion de découvrir le projet associatif « Femmes SDF », qui montre, dans ses œuvres et son action, sa nécessité.
L’association a été créée fin 2000, à partir d’un intérêt porté aux « femmes en errance » : qui s’intéresse à elles ? Comment vivent elles l’expérience de la rue ? Qui sont elles ? Comment remédier à leurs souffrances ? Qu’est-ce qui les caractérisent dans le monde de la rue ? Quels sont leurs besoins ?
Le problème n’est pourtant pas d’écrire une étude sociologique sur les « femmes de la rues », mais, bien plus concrètement, d’aller à leur rencontre, pour défricher la situation et envisager de mettre en place une première aide, à commencer par l’accueil, l’écoute, un début d’intégration et un accompagnement. Et à partir de là l’objectif de l’association est aussi de sensibiliser le grand public et les acteurs du champ social au problème de « l’errance féminine ».
Les femmes SDF sont des femmes sans lieux de vie, sans « chez soi », sans intimité, sans confidentialité. La première initiative fut donc de créer un lieu de vie, un lieu pour se poser, un lieu pour souffler, respirer, changer d’air. Ainsi est né le « Local des femmes ». C’est les femmes de la rue qui ont pensé le projet, trouvé son nom, pensé son concept et son fonctionnement.
Au Local des femmes ont peut donc exprimer son vécu, et, dans un nouveau contexte, prendre du recul sur un quotiden de déséspérance et de violence. Les actrices de l’association tendent la main aux femmes en errance, et vont à leurs rencontre, dans la rue, dans les accueils de jour, et dans les centres d’hébergement d’urgence.
L’initiative est de dégager des priorités et d’identifier les besoins de ces femmes. Il leurs faudrait un hébergement spécifique : certaines femmes refusent d’aller dans les structures existantes, ou en sont exclues ou les ont fui. Mais ce qui est tout aussi grave, c’est leurs souffrances psychologiques. Elles ne sont pas reconnues, elles vivent au quotidien le jugement négatif des autres, d’une société qui apprécie chacun à l’aune des critères économiques: on ne voit en elles que la déchéance, sans regarder leur expérience, leur vécu ; on ignore leurs ressources, leurs compétences et leurs potentialités. Du coup le regard de l’autre pervertit le regard sur soi, et achève de les anéantir.
En ce sens, le Local des femmes ouvre des rencontres, et met entre parenthèses les différences économiques et sociales, pour instaurer un dialogue et un rapport de personne à personne. Il s’agit aussi de remettre de l’espoir à la place du désespoir, et de passer de la fatalité au courage de changer les choses. Cela réclame de l’écoute et la reconnaîssance de la personnalité propre de ces exclues anonymes. Pouvoir leur faire réaliser qu’elles sont librement actrices de leur cheminement. Ce qui veut dire aussi respecter des choix qui ne sont peut être pas toujours les meilleurs, mais l’essentiel c’est d’instaurer un dialogue d’échange et de réciprocité.
Cela implique aussi un accompagnement : il ne s’agit pas de donner quelques bons conseils, mais d’ouvrir la porte de l’amitié à des femmes qui en ont peu, et de leur offrir un soutien durable : des repères, un refuge, aider dans les démarches, et être présent si ça va mal. En tout état de cause surpprimer l’abandon.
Le Local des femmes ouvre donc ses portes : le mardi 12 novembre entre 12h et 16h, 16 rue Aimé Berey à Grenoble. Vous serez accueilli par les femmes du Local, la nouvelle présidente de l’association prononcera un mot à 14h30, on vous présentera l’association et ses actions présentes et futures, et vous pourrez échanger avec les femmes accueillies. Le tout autour d’un buffet. Allez y, vous y trouverez certainement une bouffée d’humanité.