Avec Dessins à la verticale, Jeremy Collins nous entraîne dans l’itinérance d’un grimpeur aux quatre coins du globe, qu’il conte à travers un carnet de voyages et d’errances foisonnant.
Jeremy Collins est avant tout un grimpeur…
La montagne est sa passion, omniprésente, dévorante. Une passion qu’il concilie avec sa toute jeune vie de famille.
Quand Jonny, son ami, meurt dans une avalanche, il décide de s’en aller aux quatre points cardinaux – Ouest, Est, Sud, Nord – ouvrir de nouvelles voies. Cette idée le taraudait et la mort de Jonny précipite les choses. Dessins à la verticale est le récit de ce voyage.
L’homme et la nature enchevêtrés
Croquis, photos, dessins et peintures, topos, collages… Les carnets de Jeremy sont denses, un patchwork de matières, un récit saccadé, des bouts d’écriture morcelée, dactylographiée ou manuscrite. De la poésie, partout. Que ce soit dans le langage du crayon précis et tortueux, ou dans les descriptions de la nature : « Le bruit d’une cascade descendait d’une gorge et le son d’un torrent serpentait entre les tertres d’herbes hautes. Et je marchais sur des traces d’élans et de cerfs. Partout, les fleurs criblaient de taches de couleur le bleu du paysage alpin ».
On sent le souffle du vent à travers le crayonnage des nuages qui ressemblent à des vagues. Les cartes sont colorées en couleurs ocre et chaudes et les collines semblent psychédéliques. La densité des reliefs crève le papier, en profondes vallées et montagnes imposantes et radieuses. Certaines images paraissent issues de gravures de civilisations oubliées.
Rêveries et pensées intérieures alternent avec des considérations très terre-à-terre, les éléments naturels imposant leur rythme au récit : « J’étais fasciné par la puissance de la vie au rythme de la nature, scrutant les étoiles, comme conscient déjà, de la connexion entre nos existences et tous les organismes vivants. Gravir les montagnes m’apporte cette connexion au monde et à moi-même dont j’ai toujours besoin. La pluie s’arrêta, et nous avons enfilé nos baudriers. »
Donner à ressentir
Si la description de la dernière ascension parlera plus aux grimpeurs, les termes techniques y fleurissant à l’image de la difficulté de l’avancée, l’auteur sait capter et faire ressentir les sensations propres à l’escalade : « Au-dessus de nous, le craquement que tout grimpeur redoute d’entendre tonna. Celui de la montagne qui se décharge un peu du poids sur ses épaules. Aussi redoutable que le rugissement d’un lion aux oreilles d’un chasseur qui n’a pas chargé son fusil. »
C’est aussi la force de ce récit très « physique » : donner à voir et à ressentir le danger, l’irrépressible besoin de s’y confronter. Donner à voir l’inaltérable beauté des espaces où la nature est reine. Transcrire le quotidien du baroudeur, les inévitables avaries du périple qui font partie, elles aussi, de cette « possibilité d’errance ». Et nous inviter à suivre nos propres attirances.
Dessins à la verticale
Carnets de Voyages en Paroi
De Jeremy Collins
Editions Glénat
176 pages, 35 euros