« Un toit c’est un droit » – Manifestations durant la rencontre à la Mairie de Grenoble

Durant la présentation puis le débat auxquels participaient Martin Hirsch et François Chérèque, des manifestants, une trentaine environ, ont fait entendre leur voix avec âpreté. Brandissant des pancartes improvisées dans l’urgence aux slogans sans appel : « À quoi servez-vous ? », « Un toit c’est un droit » ou encore  « La Gauche s’enfonce dans la honte », Ils prennent la parole dès les premières minutes de l’intervention de François Chérèque. Le motif de leur colère ? L’annonce de la fermeture imminente de centres d’hébergement d’urgence, entraînant l’expulsion de presque 500 personnes sans solution de relogement attestée.

 « Vous parlerez après, il y a un débat » lance François Chérèque, sans succès face à une ambiance houleuse, précisant qu’il allait faire remonter l’alerte concernant cette situation. « Pas la peine de faire remonter, tout le monde est bien au courant ! » lui répond-on.

La mairie, le CCAS et même les associations sont mis en cause. Lorsque Robert Allemand, porte-parole du collectif Alerte, prend le micro, il se fait copieusement huer mais s’en amuse : « Les amis de la Patate (La Patate Chaude, collectif pour les droits des Roms, NDLR), si vous pouviez me laisser parler, ce serait sympa. — Ce n’est pas la Patate, lui rétorque-t-on. — Ah, ça doit être un autre légume alors… »

Martin Hirsch s’attire également des sifflets : « On est dans un pays d’état de droit. On est dans un pays où les décisions des maires, des préfets, peuvent être attaquées devant les tribunaux, y-compris devant la Cour européenne des Droits de l’Homme. » déclare-t-il, provoquant de vives réactions.

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Directement mis en cause par quelques intervenants (« Monsieur le Préfet, vous êtes responsable ! », a-t-on pu entendre), Richard Samuel prend la parole et développe deux points autour de cette question des centres d’hébergement : il met en relief le manque de moyens, affirmant que les ressources sont insuffisantes pour que ces centres puissent perdurer, et insiste également sur les questions de sécurité autour de ces mêmes centres. « Je reçois une lettre par jour de plainte de la part des riverains demandant d’y mettre fin » déclare-t-il, avant de citer la délinquance, la prostitution ou la mendicité infantile.

Une réponse dont les manifestants ne se sont évidemment pas satisfaits. Eux ont mis l’accent sur l’arbitraire des expulsions, qui remet en cause le principe même des contrats d’hébergement, l’absence de solution de relogement pour des familles ou des personnes salariées et, surtout, l’imminence de ces expulsions, accompagnées pour certaines d’obligation de quitter le territoire français.

Parole de militante

Manue est restée plus de quarante minutes le bras levé avant d’obtenir la parole durant la séance de questions adressées aux intervenants. À la fin du débat, elle et ses collègues ne cachent pas leur écœurement. Présentant les militants et militantes comme un mouvement spontané composé de cinq collectifs différents, ils n’avaient cependant pas grand espoir. « On n’est pas venu pour avoir des réponses, on est surtout venu se faire entendre. Toutes les questions étaient importantes, mais ils ont donné zéro réponses. Ils ont parlé d’objectifs, de volonté, mais au final les gens au quotidien restent dans la merde ! »

untoitundroitmanue19-06-2013« On n’est pas venu gueuler pour gueuler : on est venu pour empêcher qu’ils évitent les questions. Et quand ils ne répondent pas aux questions, on intervient. Il y a une loi sur l’hébergement qui s’appelle la loi sur la continuité, on n’a pas le droit de remettre les gens à la rue. »

Manue poursuit le propos : « la Préfecture s’est engagée en janvier à maintenir les gens dans l’hébergement en assurant qu’elle avait les moyens et aujourd’hui, d’une semaine sur l’autre, les travailleurs sociaux dans les centres foutent les gens dehors, écœurés eux aussi de ce qu’on leur demande de faire. »

Revenant sur la position de Martin Hirsch, Manue estime, comme un grand nombre d’autres intervenants, que dans les centres, « les gens ne sont pas en mesure de faire valoir leurs droits. »

« L’État est dans la complète illégalité, et il ne se passe rien. Les gens devaient être hébergés pendant un an, ils sont foutus dehors du jour au lendemain, et ça passe. » conclut-elle, clairement désabusée.

 

Nous avons pu recueillir en vidéo les déclarations de  Manue, ainsi que de Richard Samuel, Préfet de l’Isère.

 

 

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