Si vous pensiez qu’on s’ennuie au sein d’une association caritative, détrompez-vous ! Pour preuve, il faut passer une journée à la Banque Alimentaire de l’Isère (B.A.I) pour y voir les bénévoles en action, telles les abeilles s’activant dans leur ruche.
La première étape d’une journée type de travail à la Banque Alimentaire débute dès 7h30 à l’arrière des dépôts de grandes surfaces de l’agglomération grenobloise. Ce mardi-là, derrière Carrefour Meylan, l’une des équipes de 8 bénévoles s’affaire à la tâche. Concentrés à trier des aliments frais que le magasin leur donne, ces retraités, hommes et femmes, développent une énergie phénoménale.
Toute l’année, par tous les temps, ils ne manquent pas ce rendez-vous hebdomadaire appelé « la ramasse« . Comme l’expliquent Maurice, 70 ans, et Yvette*, « on commence par contrôler les dates limites de consommation sur les emballages. On vérifie qu’ils soient bien fermés, et on jette tout ce qui n’est pas correct« . Certains aliments, pourtant mis à disposition par les grandes surfaces, ne sont pas ramassés, car ils présentent des risquent trop importants d’intoxication alimentaire (gâteaux à la crème, steaks hachés, abats, poissons, crustacés…). En attendant que les camions de la B.A.I arrivent vers 8h30, ces produits frais sont stockés sur des palettes et les produits carnés sont rapidement embarqués dans le camion réfrigéré afin de respecter la chaîne du froid. A l’étape suivante, toute la marchandise est ramenée par les camions à l’entrepôt de la B.A.I à Sassenage, pour y être pesée, et répartie pour la distribution aux associations l’après-midi.
Toutes ces opérations de tri réclament une bonne forme physique de la part des bénévoles. Lorsqu’on leur demande pourquoi ils font du bénévolat à la Banque Alimentaire et depuis combien de temps, la réponse est pratiquement la même pour tous. Comme dit Maurice, « A la retraite, on dispose de plus de temps libre. Toutes les personnes qui sont là pensent que c’est mieux de faire une petite action pour les plus démunis plutôt que d’aller se promener tout la journée« . Et Yvette d’ajouter : « depuis l’an 2000, je suis à la retraite et je viens à la B.A.I parce que cela m’occupe. Avant, quand je travaillais, je ne faisais pas de bénévolat« . Lucien, 73 ans, ne se rend pas compte que cela fait déjà 8 ans qu’il donne de son temps. « Ça passe vite, on y est tellement bien ! Et puis, c’est un petit travail physique qui aide à garder la santé. Je continue à participer à la vie associative comme je l’ai toujours fait quand je travaillais« .
L’ambiance, à « la ramasse« , est conviviale puisque même Claude, âgé de 80 ans, avoue : « au début, ma motivation était de rester en contact avec la société tout en faisant quelque chose d’utile. Maintenant, c’est surtout pour voir les copains« . Ce qui différencie la Banque Alimentaire de l’Isère du Secours Populaire ou des Restos du Cœur, c’est que les bénévoles ne sont pas en contact direct avec les personnes en difficultés. Pour Maryse* qui, au moment où elle choisissait de faire du bénévolat, se trouvait fragilisée par le décès de son mari, « cela aurait été trop dur pour moi!« . La Banque Alimentaire de l’Isère effectue régulièrement des appels à bénévoles qui viennent en renfort, car on constate, pour des raisons d’organisation de planning, que les équipes sont constituées pour longtemps.
Pendant ce temps, à l’entrepôt de Sassenage, une autre équipe prépare les portions de produits secs, lesquels s’ajouteront aux produits frais pour constituer un colis équilibré. Stockés sur 1300 m², ces produits de longue durée de conservation proviennent d’une dotation annuelle de l’Etat et de l’Union Européenne, par le biais des industries agroalimentaires. Cela représente 30% de l’approvisionnement de la B.A.I. La collecte nationale, organisée une fois par an (voir encart ci-dessous) contribue à augmenter la réserve. A 13h30, l’activité à l’entrepôt ne faiblit pas qu’arrivent déjà les véhicules des premières associations pour la distribution. Les bénévoles de la B.A.I. font leur maximum pour charger rapidement chaque véhicule. Tout le monde met la main à la pâte, même le directeur manie le transpalettes, car la file d’attente peut être assez longue. Les associations ont chacune un nombre de bénéficiaires prédéfini qui, grâce au travail de la B.A.I., reçoivent un colis chaque semaine, toute l’année.
N’est-ce pas révoltant de constater que des gens qui ont travaillé toute leur vie, se mobilisent encore aujourd’hui, gratuitement, pour que des personnes dans le besoin puissent manger tous les jours ? Si les banques alimentaires n’existaient pas, qu’adviendrait-il de cette population qui ne cesse d’augmenter ? Au lieu de cela, les appels à bénévoles se font de plus en plus nombreux pour faire face à une demande croissante en aide alimentaire. N’y aurait-il pas d’autres solutions à mettre place pour que chacun, dans notre pays, puisse se nourrir de manière autonome et ainsi vivre dignement. Une meilleure répartition des richesses peut-être ?
* par courtoisie, on ne donne pas l’âge des dames !
La B.A.I. en bref
Depuis 23 ans, la Banque Alimentaire de l’Isère (association loi 1901) a pour objectif de lutter contre le gaspillage des denrées afin d’en faire bénéficier les plus démunis. Chaque jour, des bénévoles de la B.A.I. récoltent des aliments invendus aux dépôts des grandes surfaces partenaires. Depuis l’entrepôt de la B.A.I. à Sassenage, ces aliments sont redistribués aux structures sociales du département (C.C.A.S., C.H.R.S., Foyers de Jeunes Travailleurs, associations…).
La Banque Alimentaire de l’Isère c’est :
– une centaine de bénévoles
– 4 000 colis de 6 kg de nourriture (fruits et légumes frais, produits secs, laitiers et carnés) distribués chaque semaine
– un entrepôt de stockage de 1300 m²
– une collecte annuelle
Les 26 et 27 novembre 2010 : Collecte nationale de la Banque Alimentaire
La Fédération Française des Banques Alimentaires organise une collecte nationale dans les grandes et moyennes surfaces le vendredi 26 et le samedi 27 novembre prochains. En Isère, plus de 1000 bénévoles seront mobilisés à l’entrée des magasins afin de récolter des produits variés auprès du grand public. Ce rendez-vous avec la solidarité citoyenne est un moment fort. Unique contact de l’année avec le public, c’est aussi l’occasion de faire connaître son action.
LA BANQUE ALIMENTAIRE DE L’ISERE
4, chemin de la Maladière – 38360 SASSENAGE
Tél. 04.76.85.92.50 – Fax : 04.76.85.92.51
bancalim.isere@wanadoo.fr