California Dreamin’ de Pénélope Bagieu suit la genèse du groupe phare des années hippies : The Mamas and the Papas. Une histoire de star bourrée de talent, avec pour fil conducteur Mama Cass.
Mama Cohen ?
California Dreamin’ commence comme une biographie : on nous présente le bébé Ellen Cohen, enfant d’une famille juive passionnée de musique. Mais surtout l’époque de sa prime jeunesse, dans les 40s et 50s, à Baltimore, à l’orée de la Seconde Guerre mondiale.
À peine commence-t-elle à grandir qu’elle devient grande sœur, et se sent un peu mise de côté. Elle prend alors du poids, et arbore une personnalité exubérante qui fera d’elle une artiste reconnue avec comme nom de scène : Cass Elliot.
On suit son cheminement de l’enfance jusqu’à la création du groupe culte The Mamas and the Papas. On fait donc la rencontre de ceux qui ont jalonné sa jeunesse, et contribué à son évolution jusqu’à ce qu’elle devienne l’égérie du monde hippie de la fin des années 60, dans des États-Unis déchirés par une guerre perdue.
Sans concession
On pourrait dire qu’il s’agit là d’un reportage graphique. En effet, on note le découpage en chapitres où chacun des protagonistes raconte son histoire, tout en suivant la chronologie imposée par l’évolution de Cass. Chacun y va de son histoire avec elle, et apporte son point de vue sur la question : qui était Cass Elliot ?
Pénélope Bagieu, dans sa bande-dessinée, veut aussi apporter une touche de vérité au mythe. Pourquoi Cass voulait tant être aimée, et avait cette prestance sur scène qui lui valut la célébrité qu’on lui connaît ?
Ses problèmes de confiance en soi, et ses relations abusives avec le sexe opposé et le LSD sont aussi affichés sans concession. Sa haine du folk et son dédain pour les Beatles à leur début ne nous sont pas épargnés. Tous les petits défauts de cette chanteuse hors pair apparaissent comme les pièces d’un tout, pour notre plus grand bonheur de lecteur.
https://www.youtube.com/watch?v=N-aK6JnyFmk
Un temps que les moins de 65 ans ne peuvent pas connaître
Les dessins au crayon de Pénélope Bagieu donnent un côté authentique à l’expérience. Cette patte graphique est d’autant plus pertinente qu’elle permet de bien représenter les combats intérieurs et/ou des scènes hallucinées acides.
Le style peut paraître quelque peu rebutant de prime abord, mais quand la lecture commence, on comprend pourquoi il convient parfaitement à l’histoire. Crayon et plume ensemble convoquent en nous des fleurs multicolores parfumées d’encens et de fumée de chanvre indien.
Dans California Dreamin’, Pénélope Bagieu dépeint une époque lointaine, mais qui nous paraît pourtant si proche. L’ambiance de cette bande-dessinée est teintée d’une nostalgie que Neil Bissoondath résume parfaitement :
« La nostalgie ? Ça vient quand le présent n’est pas
à la hauteur des promesses du passé. »
California Dreamin’
Pénélope Bagieu
Éditions Gallimard
272 pages
24 €