Premier tome de La Flamme et l’orage, La Ville pétrifiée conte un autre monde qui, malgré sa flamme, ses alchimistes ou ses pétrifieurs, n’en reste pas moins une métaphore du notre.
Les Misérables
Est-ce vraiment la secte des Alchimistes qui se faufilent la nuit dans les chambres des enfants pour les enlever et les faire disparaître à jamais ? Ces ennemis de l’ordre et de la Flamme, autour de laquelle s’est organisée la société totalitaire et inégalitaire que décrit La Flamme et l’Orage ?
Dans ce premier tome, Karim Friha expose son univers, son esthétique où le médiéval et la fantasy se mélangent au steam-punk, pour décrire un monde où les bas-quartiers sont maintenus dans la soumission et l’ignorance, au profit d’une aristocratie qui règne dans l’opulence et le mépris. Mais la jeunesse porte en elle un instinct de révolte.
Issus de deux classes sociales bien différentes, le jeune Estevan comme le jeune Leor ne peuvent se contenter de l’injustice. Quant à Carmine, l’aventurière aux accents de bohémienne qui prend soin des enfants des rues, elle est l’instrument comme l’incarnation de la révolte. Une Esmeralda autant qu’une acrobate, dont le courage ne se dément pas.
Clichés et paysages
Disons-le tout net : l’univers ou le scénario du premier tome de cette nouvelle série ne révolutionnent pas les codes du genre. Ses amateurs éprouveront dès lors un petit agacement face à certains poncifs que l’on nous délivre ici sans grand souci d’originalité. Mais que l’on se rassure : le plaisir est tout de même au rendez-vous.
Grâce à des personnages attachants, d’une part. Grâce à une narration fluide et rythmée de l’autre. Grâce enfin au trait agréable et travaillé de Karim Friha, qui va puiser son inspiration dans la verve des mangaka autant que chez les classiques belges. Un métissage heureux qui offre des cases souvent magnifiques, relevées par un remarquable travail de coloriste qui confère à ce volume de belles ambiances, de splendides atmosphères.
Entre bande dessinée, dessin animé, cinéma voire jeu vidéo, Cette Ville pétrifiée présente tous les ingrédients pour séduire un public de jeunes lecteurs, adolescents ou pré-adolescents. Les autres n’en apprécieront pas moins le talent de son auteur, tout en émettant quelques réserves sur son manque certain de singularité.
La Flamme et l’orage
Tome 1 — La Ville pétrifiée
de Karim Friha
Éditions Gallimard
56 pages, 14,90 €