Tristesse, désespoir… mais aussi solidarité et humour, lorsque la bande dessinée rend hommage aux victimes des attentats qui ont endeuillé la France.
La bande décimée
À peine connue la tuerie de Charlie-Hebdo et les noms de ses victimes, des milliers de dessins ont inondé les réseaux sociaux. Et leur nombre ne cessera d’augmenter au fil des jours, relayés et partagés par des internautes meurtris, dans un grand besoin d’échanger sur l’absurdité de cette violence, sur la cruauté de ses auteurs.
Dessinateurs professionnels ou amateurs, de manière signée ou anonyme, chacun apportera sa pierre à l’édifice. Et ceux qui ne savent pas dessiner brandiront des crayons, au nom de la liberté d’expression, le soir du 7 janvier comme durant la marche du dimanche suivant.
Certains de ces dessins, réalisés par quelques-uns des plus grands noms de la bande dessinée, on les retrouvera aujourd’hui dans le recueil La BD est Charlie, édité par un collectif impressionnant d’éditeurs, dont les bénéfices de la vente seront reversés aux familles des victimes des trois jours noirs qu’aura connu la France durant le mois de janvier.
Mourir pour des dessins
Entre allégories ou satires, désarroi et nostalgie, cris de colère ou paroles désabusées, chacun des artistes ayant offert un dessin pour cet ouvrage exprime sa solidarité et sa tristesse en laissant exprimer son univers et sa sensibilité. Mais que l’on ne craigne pas un récital larmoyant ou un « best of » compassionnel : l’humour prédomine dans ce recueil, et la poésie n’est jamais bien loin non plus.
Tandis que Crumb s’amuse d’un « cowardy cartoonist » (un dessinateur lâche) en hommage à ses « camarades » décédés, Manara dessine avec tendresse une femme en hijab déposant un baiser sur le front de Wolinski. Et Larcenet de se demander si Cabu, Charb, Wolinski, Tignous et Honoré ont disparu pour partir au djihad…
Et parmi tous ces témoignages, on trouvera au détour d’une page, en s’en rendant à peine compte, un ou deux dessins mettant en scène Mahomet. En s’efforçant encore de trouver cela naturel, de garder la conviction au fond du cœur que le sacré ne concerne que celui qui veut y croire, et que le fascisme religieux ne doit pas plus triompher que les autres fascismes qui ont tenté, par le passé, de soumettre l’Europe.
Retrouvez lundi sur le site du Bon Plan l’interview de Cled’12, qui compte parmi les dessinateurs ayant participé à ce recueil.
La BD est Charlie
Collectif
180 pages, 10 €